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18 novembre 2007

LIVRE : Lune Noire de John Steinbeck - 1942

Sans_titreCurieux livre que ce Steinbeck tardif, publié visiblement sous le manteau à l’époque. Fidèle à son humanisme vibrant, déjà en place dans ses grands chefs-d’œuvre, le gars y raconte la résistance « ordinaire » d’une petite ville d’Europe du Nord face à l’invasion allemande en 1942. C’est la panoplie habituelle des personnages tout en noblesse d’âme, de la brave fille qui se révèle pleine d’héroïsme au maire prêt à perdre sa vie pour conserver sa dignité, du jeune gars fusillé pour l’exemple au félon collabo disposé à toutes les bassesses. La trame laisse aussi une place importante aux questionnements des envahisseurs, aussi perdus que leurs victimes quand il s’agit de réfléchir au sens de leur combat et à l’absurdité de leurs actes.

L’écriture de Steinbeck n’a plus rien à prouver pour ce qui est de la simplicité de trait, de la frontalité des thèmes, de la sobriété des effets. Lune Noire, en ce sens, ne surprend pas, et est très agréable à lire, justement par cette absence de forfanterie, par cette sincérité toute simple, par ce dessin très net dans les caractères et les situations. Certaines considérations sur la guerre atteignent une réelle dimension métaphysique, et Steinbeck élargit subtilement sa trame « régionaliste » à un plan beaucoup plus vaste : montrer l’inanité de la violence, mettre le doigt sur la puérilité historique des motivations guerrières. Aidé par l’absence d’effets, il pond quelques phrases déchirantes sur le monde tel qu’il est, tout en se cachant derrière l’unité de sa petite histoire de village. Ceci dit, le livre ne va pas beaucoup plus loin non plus qu’une belle histoire de noblesse et d’héroïsme, et manque un poil d’audace et d’ambition : Steinbeck n’atteint jamais la puissance d’un Malraux, d’un Camus ou même d’un Vercors, et son livre est un peu attendu, pas assez personnel. Les dialogues finissent par être trop théâtraux (notamment sur la scène de drague d’un officier allemand envers une jeune résistante), surtout que Steinbeck, après deux chapitres parfaits de rythme et d’ampleur, préfère se concentrer sur ces scènes dialoguées, qui resserrent son histoire et l’amoindrissent. Bref, un petit Steinbeck, mais comme c’est un Steinbeck, ça reste un livre précieux et intéressant.

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