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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
18 novembre 2007

Chacun son cinéma d'une pléïade des plus grands cinéastes vivants voire morts comme Lelouch- 2007

36947Le sublime de ce générique de rêve n'a d'égal que la déception énorme de l'ensemble... Certes trois minutes pour parler d'une salle de cinéma, d'un souvenir s'y attachant, c'est court, mais peu de réalisateurs, il faut le reconnaître, se sont cassés la nénette - en plus dans cette édition dvd trouvée en copie miraculeusement à l'université de Tongzhi (sont forts ces Chinois quand même...!), il n'y a point les courts des Coen et surtout de Lynch qui semblaient parmi les meilleurs...

Beaucoup de salles de cinéma vides ou détruites - un véritable requiem?  on semble plus célébrer la mort des salles que la grandeur du cinéma -  mais néanmoins quelques films projetés mythiques (la palme à Bresson avec trois références (Au hasard Balthazar, Mouchette, Le procès de Jeanne d'Arc), Le Mépris, Vivre sa Vie, 8 1/2...) dans ces courts-métrages plus ou moins obscurs sur les salles obscures.

Pour faire bonne figure, une petite sélection quand même: le Lars Von Trier (de loin le plus drôle et le plus... sauvage) avec le Lars qui, énervé par le businessman qui lui raconte sa vie lors de la projection de l'un de ses films (il doit s'agir de Manderlay), finit par l'assommer violemment à coup de marteau (le rêve de tout cinéphile emmerdé pendant une séance par le bruit intempestif de l'un de ses voisins).

Le Moretti est également sympathique: il évoque lui-même quelques-uns de ses souvenirs récents, avec sa fille qui appelait sa maman, avec sa mère qui ne lui a jamais pardonné d'aller voir Légende d'Automne, ou il se met à imiter la musique de Rocky Balboa, tendant les bras au ciel - dévastateur.

Le Kitano -à l'esthétique curieusement kaurismakienne- nous présente un unique spectateur d'une salle de ciné au milieu de nulle part (il demande le tarif "fermier") qui assiste à une projection complètement foiré de Kids Return avec Kitano en projectionniste.

Le Wong Kar Wai raconte par une chaude journée d'août sa rencontre très sensuelle avec sa douce: elle épluche une orange, il glisse sa main peu à peu sur les peluches rouges des fauteuils de ciné, avant de remonter paresseusement entre ses jambes qui se referment violemment; en fond, on reconnaît un dialogue d'Alphaville, une déclaration d'amour au cinéma et à celle qu'il a toujours aimé depuis: des bribes d'images paresseusement ralentis, la célèbre griffe du maître hongkongais en quelques plans. Moiteur "tropisalle" de cinéma.

Le Gus Van Sant nous livre une sorte de Rose Pourpre du Caire avec un jeune éphèbe qui va rejoindre dans l'écran une sublime naïade dans des eaux tahitiennes.

Le Wenders ("Guerre en temps de paix") nous emmène en Afrique, au Congo, avec cette projection de La Chute du faucon noir qui teinte la salle d'un noir-et-blanc cradasse semblant faire revivre dans les yeux des enfants toutes les années de guerre.

Pour finir, allez, le Kiarostami, qui nous présente une salle en larme à la vision d'une version de Roméo et Juliette - convenu mais émouvant.

Décidément, les films à sketches, quelle que soit l'idée et la distribution de départ, c'est toujours un peu foiré...   (Shang - 07/06/07)


last_jew_last_cinemaOn peut s’interroger sur le bien-fondé du concept : demander à je ne sais combien de grands cinéastes de faire un film de trois minutes autour d’une idée discutable (une salle de cinéma), ça n’est pas forcément une idée géniale, et le fait est que le format paraît franchement court dans la plupart des cas. Comme si on voulait faire la preuve qu’un grand reste grand même dans la contrainte et le format court, ce qui n’est pas forcément vrai. Il y a des réalisateurs définitivement bons dans la longueur de plan, et qui échouent ainsi dans cette commande, ce qui ne prouve finalement pas grand-chose. Par exemple, Wong Kar-Waï sert ici un clip franchement raté, ce qui n’enlève absolument rien à son génie : réduire un WKW à trois minutes, c’est effectivement une aberration.

Un concept flou, donc, mais qui, comme on s’y attendait avant même le visionnage, donne parfois d’excellents résultats. Pas de leurre : ce sont bien les vrais bons qui donnent les meilleurs films, et les mauvais qui sont à côté de la plaque. Parmi les seconds, on notera surtout les navets interplanétaires de : Lelouch (tiens ?), désespérément accroché à la narration depuis toujours, et qui sert une bouillasse de chacun_son_cinema_Wendersnostalgie vieille France à vomir ; Chahine, pour lequel on n’a pas dû trouver d’interprète égyptien pour lui expliquer le concept, et qui se complaît dans la contemplation de son nombril certes glorieux ; August, sûrement le pire de tous, qui ne sait définitivement plus filmer ou diriger un acteur ou écrire une trame ; de Oliveira, abscons et puéril, dont on a du mal à comprendre le discours ; Angelopoulos, hilarant alors même qu’il veut se la pêter grave avec ses réflexions godardiennes sur l’aspect spectral du cinéma (quand est-ce que Jeanne Moreau va se décider à prendre sa retraite ?) ; Campion, qui échoue totalement dans son hommage au cinéma des origines ; ou encore Cimino, qui atteint un rare kitsch dans sa déclaration d’amour confuse à Fellini (en passant, Fellini est sûrement la référence la plus citée de tous ces films).

Parmi les réussites, on retiendra surtout quatre films : le Moretti, en prolongement taquin de son sublime Journal Intime, le seul peut-être à obéir strictement au cahier des charges, et un des plus personnels ; le Dardenne, exemplaire dans sa rigueur et qui se termine sur une bouffée d’émotion étonnante, sur une idée toute simple qui touche droit au cœur ; le Innaritu, sublimement interprété, et qui rappelle le filmage frontal d’un Godard ou d’un Truffaut, qui laisse s’exprimer un visage dans ses infimes variations, qui laisse parler dansl’émotion d’une actrice en contournant habilement la règle imposée (la salle de cinéma est au second plan) ; et surtout le Hou Hsiao Hsien, magnifique, un enregistrement du temps et de la magie de la salle, tout en instillant une ambiance réellement trouble, un mystère délicieux (le seul à éviter la sacro-sainte trame, avec WKW et Depardon).

Pour le reste, c’est comme toujours : on est déçu par certains (Van Sant, Assayas, Kiarostami, Polanski), amusé par d’autres (Kitano, Von Trier, Cronenberg, Suleiman, Lynch, Cohen), agréablement surpris parfois (Gitaï, Ruiz, Egoyan, Tsai Min-Liang, Salles), indifférent la plupart du temps (Kaurismaki, Zang Yimou, Kaige, Loach, Konchalowski).

Un bon moment de cinéphilie toutefois, d’autant qu’on rentre vite dans le petit jeu d’essayer de deviner le nom du réalisateur avant le générique final, et qu’on y parvient la plupart du temps, tant ces films semblent représenter la quintessence du style de leur auteur.   (Gols - 18/11/07)

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