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Shangols
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GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
25 octobre 2019

Carrie au Bal du Diable (Carrie) (1976) de Brian de Palma

Une histoire de chair et de sang, on voit bien ce qui dès le départ a pu fasciner De Palma dans cette histoire qui lorgne plus du côté du drame psychologique que du film d'horreur stricto sensu. Si l'enfer c'est les autres, on peut dire qu'il s'agit véritablement d'un bal diabolique car la chtite Carrie a tendance à se déchaîner pour peu qu'on lui titille les hormones.

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On est en plein dans le teenage movie et l'esthétique de toutes ces scènes de College américain est sûrement celle qui a le plus vieilli et le plus morflé 30 ans plus tard - d'autant que De Palma n'y va pas avec le dos de la cuillère lorsqu'il veut se jouer du romantisme à deux balles (Carrie et son compagnon d'un soir sous des lumières bleutées, ça fait quand même grincer des dents). Constamment tournée en ridicule par ses "camarades" (elle panique lorsqu'elle a ses règles (qui sont non seulement tardives mais qui trahissent surtout son innocence en la matière), dotée d'une mère plus cul-bénie tu meurs (d'ailleurs...) , notre pauvre Carrie a de quoi se retrouver psychologiquement super tourmentée. Seulement lorsque l'heure de la revanche sonnera, elle aura une fâchcarrieeuse tendance à tout mettre à feu et à sang. Si les premières images du film -ces jeunes filles batiffolant sous la douche et la montée hormonale de Carrie- feraient presque sourire en faisant étrangement penser à David Hamilton, De Palma a le bon goût (eheh) de faire quelques gros plans sur cette douche/pénis, idée qu'il reprendra dans la scène du bal avec cette lance à incendie incontrôlable. Peut-être un peu trop de facilité aussi dans toutes ces scènes mettant en scène les ados qui, comme John Travolta, ont donc vraiment pris un coup de vieux, et quelques clins d'oeil un peu trop faciles à l'Hitch, dans cette musique pompée à Psychose, sans parler du parking, où se trouvent les cochons, nommé Bates - d'ailleurs l'assassinat du porc par Travolta est là encore copié aux gestes de Bates dans Psychose. Qui dit de Palma dit "split screen" et une fois de plus on a parfois un peu de mal à voir où le Brian veut vraiment en venir au niveau du fond - si les plans sur la tête de Carrie et de son corps (ses pouvoirs télékinésiques obéissant à/traduisant ses troubles physiques) semblent justifiés, les scènes qui suivent n'ont a priori qu'un caractère purement technique : ok c'est la panique dans tous les coins mais on s'en lasse un peu... Un suspens, enfin, relativement réussi autour de cette épée de Damoclès (la bassine remplie de sang porcin) qu'on s'attend à voir tomber d'une seconde à l'autre sur la pauvre Carrie, avec cette corde devant l'activer qui coince au dernier moment.

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A défaut d'être vraiment scary (aime bien au début du film, lorsque le directeur l'appelle Cassie et qu'elle répond "It's Carrie"... et ouais mon gars, vaut mieux pas se tromper parfois sur le prénom des élèves), le film me laisse sur une impression - comme presque toujours chez De Palma (c'est pour titiller mon co-blogueur) - mitigée, le cinéaste enchaînant des idées brillantes visuellement joliment mises en scène à des séquences un peu... plan-plan. Mais bon, il faut reconnaître au Brian un certain brio.   (Shang - 04/05/07)


C'est clair que De Palma ne s'épargne pas pour rendre son film le plus pictural et le plus spectaculaire possible. Mais pourrait-on reprocher à ce cinéaste qui a réinventé le baroque d'utiliser tous les moyens que la mise en scène lui permet, toutes les couleurs existantes et toute sa palette pour raconter son histoire ? Je suis pour ma part fasciné par ce film, qui ne s'embarrasse d'aucun scrupule pour envoyer du cinéma brut dans l'oeil de son spectateur, quitte, oui, à en faire trop ou à donner dans le kitsch. Depuis le premier plan, un plan-séquence magnifique, qui vient peu à peu cadrer Carrie en difficulté avec ses camarades sur le terrain de volley, jusqu'au climax de la scène de bal, dosée au taquet niveau montage, c'est donc un festival visuel : il y a ces mises au point "parallèles" (bon, voir photo ci-dessous) qui sont très bien utilisées, cette fois-ci, pour mettre dans le même rapport de plan les personnages ; il y a ces fumigènes sulfureux dans les scènes d'érotisme chic du début ; il y a ce split screen, certes gratuit mais hyper graphique ; il y a ces vertigineuses plongées sur Carrie enfermée dans son placard ou sur le seau plein de sang prêt à se renverser ; il y a ces ralentis qui figent les images kitchounettes qui précèdent juste la tragédie ; il y a cette musique géniale inspirée de Bernard Herrmann ; il y a cette science incroyable du montage au moment où le seau est à deux doigts de tomber, avec ce jeu de regards entre les personnages, étiré au maximum. Bref, on se délecte de toutes ces idées baroques, too much, trop colorées, trop voyantes, en se disant qu'après tout, c'est ça le cinéma.

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Au niveau du fond, le film est aussi intéressant. Il travaille sur la métamorphose d'une adolescente en femme, métamorphose qui se fait non sans mal et dans la douleur. Le premier sang versé, celui des règles de Carrie, est la porte ouverte à une émancipation douloureuse, où elle va devoir apprendre à mettre en doute puis à combattre sa mère, à renier son Dieu, à assumer sa beauté et sa violence, et à tirer un trait définitif (et radical) sur son passé de jeune fille névrosée. C'est vrai le film se perd parfois dans des scènes inutiles, trop longues, comme cet entraînement punitif ordonné par la prof de gym, ou ces discussions entre ados laborieuses. On a parfois l'impression que De Palma n'avait pas assez pour faire un long métrage et qu'il a écrit certaines séquences pour gonfler le bazar. Mais le reste est tellement fun, troublant et spectaculaire qu'on lui pardonne ces petites faiblesses. Excellent.   (Gols - 25/10/19)

Margaret-White

Des Palmes pour De Palma

Commentaires
V
Je partage l'avis de Gols sur ce film et sur le talent de B. De Palma en général. A côté de la qualité éclatante de la mise en scène, le fond n'est pas absent, ni insignifiant. Je précise que ce fond se trouve d'ailleurs plus dans les thèmes habituellement traités par le maître que dans l'histoire proprement dite. Par exemple, l'ambiance festive et ses faux-semblants. Le bal qui tourne au drame, dans "Carrie", relève en effet de cette catégorie de séquences présentes, de manière plus ou moins marquée, dans chacun de ses films : De Palma y met en scène une atmosphère de fête, qui peut revêtir des formes très variées (défilé du Liberty Day dans "Blow out", spectacle du match de boxe dans "Snake eyes", etc), puis s'ingénie à la briser subitement, à la perturber ou à la faire déraper dans le chaos et la violence comme dans le final de "Phantom of the Paradise". Avec jubilation, le cinéaste déchire le voile de la fête - ce mirage social vieux comme le monde mais fort utile, dans les sociétés en crise, pour créer du liant à défaut de liens - afin de révéler toute l'ambiguïté de la communion festive.
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B
??? Combien de "critiques" êtes-vous sur ce site? <br /> <br /> Oui, restez dans votre île à pêcher le thon, c'est mieux...
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S
Je suis à Madagascar, la mer est belle, le thon rare et je vois qu'on en a toujours pas fini en France avec les bonnets rouges. Détendez-vous, les ptits gars, lisez Karoo que le gars Gols avait glissé dans mes valises et prenez l'air ! Rendez-vous à la mi-août !!!
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B
Je trouve ça extraordinaire des gens censés en connaître un rayon sur le cinéma et qui, à travers les critiques qu'ils pondent, montrent finalement tout le contraire...
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W
Scier de rire?<br /> <br /> Oui,t'as raison,moi aussi probablement!<br /> <br /> PS:Carrie est bien foutu(e!),quand même...
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