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1 avril 2007

LIVRE : Un Plaisir trop bref de Truman Capote - 1936-1982

Sans_titrePlaisir certes trop bref que ces quelques 1000 lettres du grand Truman. Non pas qu'on y découvre un Capote ignoré, non pas que sa biographie cahotique soit le moins du monde éclairée par ces notes intimes, non pas qu'on y apprenne quoi que ce soit si on est un peu familier de l'oeuvre du gars. Mais c'est un pur bonheur de style, une école pour ce qui est du dynamisme de l'écriture et du second degré. Les sentiments de Capote passent entièrement dans ces lettres, qu'on sent absolument sincères, bien que toujours soucieuses d'une beauté formelle, d'un rythme et d'une richesse dans les formules qui ne se dément jamais.

Pour ce qui est des sujets abordés par TC, ils sont peu variés : potins hollywoodiens (beaucoup y passent, de Monty Clift à Brando, de Selznick à Tennessee Williams, de Garbo à Carson Mc Cullers, de Chaplin à Huston), descriptions de ses difficultés d'écriture, petits accidents de la vie, déclarations d'amour mutines et clairement sexuelles... Avec ces mots, c'est tout un petit monde de la Haute Société intellectuelle des années 50-60 qui est dévoilé, un monde futile, vivant au rythme des fêtes démesurées, des divorces bien rémunérés, des succès gigantesques et des échecs non moins dantesques. C'est une des premières qualités de ce livre de nous plonger dans cet univers finalement assez creux, dans lequel Capote arrivera à trouver le génie hyper-sensible de La Harpe d'Herbe, de Petit-déjeuner chez Tiffany ou de De Sang froid. Toute la longue partie, d'ailleurs qui concerne ce dernier livre, est la plus intéressante, puisqu'elle montre un être assez froid d'une part (il attend avec impatience la mise à mort des deux condamnés pour pouvoir terminer son bouquin, et par ailleurs écrit à l'un d'eux des poèmes réconfortants) et très intimement harcelé par ses tentatives d'écriture d'autre part.

Quelques lettres sont plus profondes que ces fulgurants et drôlissimes potinages de gamin : quelques conseils adressés à un postulant à l'écriture, de longs portraits douloureux d'un amant mort du cancer, des déclarations énamourées à l'homme de sa vie. Et aussi quelques réponses à des critiques qui ont osé ne pas aimer ses livres, ou à des avocats lui intentant des procès en diffamation, qui ne sont pas piquées des hannetons : on dirait du Oscar Wilde tout simplement, par le maniement d'une ironie tranchante et glaciale qu'il utilise comme une arme. La dernière partie, qui voit la plupart de ses amis lui tourner le dos et l'alcool lui ronger le cerveau, est d'une tristesse désarmante.

Ce qui reste en tout cas d'Un Plaisir trop bref, c'est une extraordinaire grâce dans les formules, une rapidité de style incroyable (ce sont souvent de simples billets fulgurants), un humour (presque) jamais démenti, un amour très fidèle pour les gens. Grand plaisir.

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