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8 décembre 2006

Première Désillusion (A Fallen Idol) (1948) de Carol Reed

fallen_20idol_203_1_Parfaite adéquation entre l'univers de Graham Green (le regard (forcément faussé) d'un enfant, le sentiment de culpabilité...) et celui de Carol Reed (direction d'acteurs au cordeau, sens du cadre évident...).

Phile est l'enfant d'un ambassadeur qui n'est jamais là et d'une mère (malade) dont il n'a même plus de souvenir. Il est confié à Baines (Ralph Richardson, Kevin Spacey en noir et blanc), son idole, celui qui fait toujours preuve d'attention pour se mettre au diapason de son imaginaire et de ses envies. Sa femme, la mère Baines, est au contraire une gueularde coincée du cul qui dirige la maisonnée d'une main de fer. Rien d'étonnant à ce que Baines entretienne une liaison depuis 6 mois avec... Michèle "tasdebozyeuxtusais" Morgan, diaphane. Seulement il a du mal à se séparer de sa femme... Suite à des circonstances malheureuses, la mère Baines, victime de sa rage, va trouver la mort, le chtit Phile -qui n'a pas assisté directement à la chute - étant persuadé que Baines l'a assassiné. En voulant malgré tout protéger son idole, racontant bobard sur bobard à la police, il le mettra dans une situation inextricable. Reed, en nous faisant suivre son récit par les yeux du petit garçon omniprésent, nous montre le monde qui sépare celui de l'enfance et celui des adultes, Baines se retrouvant victime de l'imagination intempestive du garçon. Parallèlement, cet enfant qui trahit tous les secrets qu'on lui confie, va se retrouver au centre d'un événement sur lequel il n'a aucun contrôle; néanmoins, même si son idole aura tendance à tomber de son piédestal -première désillusion du titre français- il continue tout de même à le défendre, Baines constituant la seule bouée à laquelle il peut se raccrocher. Toute l'ironie parfaitement mise en place par le couple Green/Reed étant que cette première désillusion se base sur quelque chose qui n'a pas eu lieu - point d'assassinat, juste un accident - alors que l'adultère, par le biais duquel l'enfant pourrait "juger" le monde des adultes lui reste totalement incompréhensible (jolie scène au commissariat où Phile place sa confiance dans les bras d'une prostituée qui "connaît bien l'adresse où il réside"; son père doit po être très clair m'est avis (jolie mise en abyme cela dit en passant)).

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Quelques séquences sont royalement mises en scène: les déambulations pieds-nus du petit garçon dans une nuit londonienne aux trottoirs mouillés (même magie nocturne que dans Le Troisième Homme), le plan excellent de cet avion en papier lancé par le petit garçon (fait à partir d'un télégramme qui est une preuve pouvant compromettre Reed dans l'assassinat de sa femme) qui vient s'écraser sur l'un des inspecteurs, Baines suivant désespérément du regard la trajectoire aérienne de cette preuve qui "s'envole" et qu'il doit détruire; superbe contre-plongée sur un Baines au bas des escaliers alors que le piège se referme sur lui et allers-et-venues des inspecteurs autour de Michèle Morgan qui perd peu à peu son sang froid; il y a également un plan magique lorsque Baines et sa femme se croisent dans les escaliers, chacun finissant à l'une des deux extrémités du cadre, lui en haut des marches, elle efallen_idol_420_1_1_n bas se dirigeant vers une autre pièce: tout les sépare et on finit même parfois par se demander comment ils ont pu décider de vivre ensemble - Baines, cependant, finira par prendre la défense de sa femme devant les accusations du petit garçon (il peut pas la blairer car elle lui mène une vie impossible), disant qu'il a sûrement lui-même une responsabilité dans ce qu'elle est devenue. Reed mérite définitivement plus de reconnaissance en tant que metteur en scène, passant bien souvent pour celui qui n'a fait qu'un chef-d'oeuvre avec Welles.

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