Tombe les Filles et Tais-toi (Play it again, Sam) d'Herbert Ross - 1972

De temps en temps, se taper un bon vieux Woody des débuts permet de retrouver goût en la vie. En plus, ça permet de vérifier que Woody était un grand acteur burlesque quand il était petit. Bon, ce film-là est signé Herbert Ross, mais on nous la fait pas, tout est de Woody, dialogues, idées, et esprit.

On ne va pas hurler au chef-d'oeuvre : c'est un film très léger, uniquement centré sur les gags douteux du looser qu'il interprète, calamité ambulante bourrée de médocs aux noms zarbis, névrosé, inhibé, pervers sexuel, intello, et addict au cinéma et à son psy. La réalisation est à la truelle, avec un montage odieux et une image à l'avenant, avec des grosses baisses de rythme, un film d'amateur. Mais le fait est que Woody (et Keaton) est hilarant, toujours dans le bon tempo, comme s'il luttait contre l'indigence de la mise en scène de Ross. Il casse tout, envoie valdinguer ses disques de Bartok, se crashe la gueule dans sa bibliothèque au moment où il va conclure avec une beauté blonde, porte des bonnets de bain impossibles, bafouille, se fait pêter la tête par des motards... C'est un festival. En-dehors de ces gimmicks visuels, on a droit à une compilation des plus grandes répliques de Woody, son humour décalé fuse dans tous les sens, c'est un pur bonheur. Il y a même sur la fin de jolis hommages au cinéma de genre (le drame italien, le film d'amour) et un copié-collé du final de Casablanca émouvant de par l'attachement réel de Woody au grand ciné américain.

Dommage que Ross ne soit pas à la hauteur de ce génie. Dommage aussi que le reste de la distribution soit aussi floue, et le scénario lui-même un peu pauvre en rebondissements. Bah, peu importe : tel qu'il est, Play it again Sam est franchement poilant. On peut lui pardonner Scoop.

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