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28 avril 2006

Sur les Quais (On the Waterfront) d'Elia Kazan - 1954

mbdonth_ec046_h2Ne m'en veuillez pas si je fais des fautes de frappe, mes yeux sont tout pleins de larmes, et j'ai de la morve sur les doigts. Je viens de revoir On the Waterfront, que je n'avais pas revu depuis ma jeunesse folle, et je défie quiconque de n'être pas dans le même état que moi après ce pur bijou.

Kazan monte une tragédie imparable autour des grands thèmes de la fraternité, de la fierté, du sacrifice, et même de la crucifixion. Brando joue un ancien boxeur raté, devenu docker et louffiat pour Steiger, chef du syndicat des quais et pourri de base. Le film va développer sa rédemption, sa prise de conscience sociale, politique et amoureuse, sous le regard de la blonde Eva Marie-Saint et du bourru mais néammoins prêtre Karl Malden (deux acteurs hitchcockiens, et donc immenses). C'est bien simple, il n'y a que des moments de bravoure, entre le jeu de Brando (trop maquillé, mais quand même monstrueux, sensuel, profond, beau comme un dieu, dont chacun des gestes est juste et photogénique), le sens de la fresque sociale (onmcdonth_ec013_h pense à Grapes of Wrath par certains moments, avec un côté plus contemporain, plus urbain), la musique de Bernstein qui muscle le moindre plan, et même parfois en "contre-emploi" total, le rythme tragique faits de pics et de creux (les moments de creux étant souvent les plus beaux), et les idées scénaristiques toutes inspirées (les pigeons, les seconds rôles très fouillés, le mysticisme qui entre là-dedans). Surtout, Kazan y impose, à travers le drame et le spectacle, une conscience idéologique solide et belle, sans jamais (ou presque) être lourd. Malden campe LE personnage kazannesque (kazannique ? kazannien ?), citoyen, sacrifié, engagé, christique. Le jeu des ombres et des rythmes, la puissance du montage alternant intimité et lyrisme, la justesse de chaque situation, l'ambition assumée de l'ensemble, l'image magnifique, tout ça je l'avais oublié, et je propose donc le prix Nobel à l'inventeur du DVD pour m'avoir permis de redécouvrir cet immense film. Ah putain, j'avais pas pleuré comme ça depuis Les Parapluies de Cherbourg (je sais, j'aime bien tout casser à la fin des chroniques).

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