Werner Herzog, Cinéaste de l'Impossible (Werner Herzog : Radical Dreamer) (2022) de Thomas von Steinaecker

Herzog et son éternel flegme continue de fasciner, et l'homme des tournages de légende et des documentaires du bout du monde se retrouvent à nouveau ici au cœur d'un doc tentant de retracer sa carrière... Rien de bien neuf, toujours un peu les mêmes histoires ? Oui, avouons que les interventions extérieures de "personnalités" du cinéma ou de la musique (Wenders, Patti Smith, Chloé Zhao, Pattinson...) ou de proche (son ex-femme et l'actuelle, ses brothers...) n'apportent que peu de grains à moudre ni d'éclairages ultimes sur sa personne ; mais on prend toujours plaisir à redécouvrir des extraits (en copie neuve...) et à suivre les paroles de notre homme vieillissant (80 berges au compteur, un jeune homme) : il revient sur des endroits de son passé (la maison familiale, Lanzarote (séquences émotion) où il tourna la fameuse scène de la bagnole et des nains...), ses rencontres marquantes (Lotte Eisner, Kinski...) et, of course, les tournages qui ont marqué sa carrière (la trilogie kinskienne en particulier). C'est un homme sans nostalgie, qui continue de former de futurs cinéastes (on le voit à l’œuvre lors de séminaire) et dont la légende ne cesse d'inspirer la culture pop (The Simpsons en tête de gondole, des apparences dans des films (d'action) récents). Il revient, tel un sage, sur les faits marquants qui ont marqué sa vie mais sans chercher jamais à en rajouter, insistant toujours sur sa vision personnelle de la réalité et sur sa façon de façonner des images, de leur donner une autre dimension... Ses rêves (puisqu'il rêve apparemment peu), c'est avant tout sur l'écran qu'il cherche à les fixer et reconnaissons que certains plans (Aguirre, Fitzcarraldo, Lessons of Darkness...) demeurent uniques et continuent, à chaque vision, comme dirait mon camarade, d'imprimer la rétine. Herzog, guère vénéré en son propre pays mais reconnu comme un dieu aux states, n'en finit pas de faire son petit bonhomme de chemin de cinéaste-documentariste et de laisser béat d'admiration l'ancienne (Wenders, définitivement fan) comme la nouvelle génération. Un doc sans révélation mais propre et digne.