LIVRE : Nous nous verrons en Août (En agosto nos vemos) de Gabriel Garcia Marquez - 2024

"Alors, elle s'installa plus commodément sans toutefois se déshabiller ni éteindre la lumière, et elle se rendormit en pleurant de rage contre elle-même, sur son malheur d'être une femme dans un monde d'hommes."

Simple fond de tiroir ou petite historiette amoureuse pleine de charme ? Je pencherai volontiers pour la deuxième proposition tant ce court récit, celui d'une femme, jusque-là fidèle, qui chaque année, lorsqu'elle se rend sur une île pour mettre des glaïeuls sur la tombe de sa mère, commet un adultère, constitue un portrait saisissant d'une femme entre deux âges qui, soudainement, cède à la tentation sans trop savoir comme se délivrer du mal(e) (pas réussi à mettre l'accent circonflexe entre parenthèses...). Un récit lapidaire mais qui nous projette dès les premières pages dans l'esprit de cette femme qui se dit, non, allons, qui hésite, qui veut dire oui, qui dit oui, se laissant comme porter par une vague de sensualité irrépressible... Son mariage est heureux, son mari est au taquet (ils ne font certes que deux fois l'amour, chaque jour, depuis vingt ans, une rigolade (...)) mais voilà, depuis ce premier soir de sa vie où elle a cédé, chaque année, le temps d'une nuit, cette île devient pour elle synonyme de tentation... Et le pire, bien qu'elle se méfie des hommes comme de la peste, bien qu'elle se dise à chaque fois pourquoi celui-ci alors que celui-là pourrait tout autant blablabla, bien qu'elle se raisonne (mais pourquoi ?), ces aventures d'un soir la comblent plus souvent qu'à son tour de plaisir... Jusqu'à quand, comment l'expliquer, l'ombre de sa mère continue-t-elle de planer sur sa vie, peut-elle y échapper... ? Si, apparemment, l'écrivain lui-même ne semblait pas convaincu par son récit, avouons qu'il y a là suffisamment de matière, dans le portrait de cette femme, dans le portrait de ces hommes, dans le récit de ces nuits langoureuses, dans ce surprenant final, pour passer un bon moment en compagnie de ce maître des sentiments.  L'éternelle possibilité d'une île...