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19 septembre 2009

LIVRE : Vivre pour la Raconter (Vivir para contarla) de Gabriel García Márquez

719156_gfDifficile de ne pas citer la phrase en exergue de ces "mémoires" : "La vie n'est pas ce que l'on a vécu, mais ce dont on se souvient et comment on s'en souvient" que l'on peut aisément mettre en parallèle avec cette autre phrase tirée de cet ouvrage : "A présent que je connais Riohacha, je ne parviens pas à me la représenter telle qu'elle est, mais telle que je l'ai construite pierre à pierre dans mon imagination". GGM tente donc de retracer son parcours de jeunesse en prenant comme point charnière la visite effectuée avec sa mère, alors qu'il a une vingtaine d'années, dans la maison de sa petite enfance. Ce voyage va être pour lui l'occasion de se remémorer tous les êtres qui ont peuplé ses premières années, puis de revenir à sa vie d'étudiant, à ses premiers écrits - des nouvelles -, à ses multiples collaborations journalistiques et à son premier roman. Après ce voyage, il passera en effet le reste de ses jours à vivre de sa plume et il narre dans ce livre à quel point son parcours pour devenir écrivain ne fut jamais gagné d'avance : "Ma vie a toujours été parsemée d'embûches et d'illusions, et j'ai dû me livrer à mille acrobaties pour esquiver les innombrables traquenards qui tendaient à faire de moi autre chose qu'un écrivain". Un chemin pour le moins de galère, financièrement parlant, même si cela semble n'avoir jamais trop préoccupé notre homme. Pour lui l'important demeure avant tout les innombrables rencontres qu'il a pu faire, aussi bien dans les milieux journalistiques, littéraires ou artistiques... que dans les bordels. L'écrivain revient avec une précision remarquable et un don de conteur passionnant sur toutes ces petites aventures humaines qui ont fini par construire son être de chair et de sang; l'humilité et la simplicité de GGM est de ne jamais chercher à se donner le beau rôle ni à théoriser sur la littérature ou le monde du journalisme : il raconte, d'une part, tous ce que ces merveilleuses rencontres lui ont apporté comme confiance, comme soutien, comme encouragement et narre, d'autre part, son propre parcours en notant aussi bien les petites désillusions dont il a dû faire les frais que les petits moments de satisfaction intime. Ses aventures féminines sont notamment des plus savoureuses (il aurait dû éviter les femmes mariées...): il raconte par le menu ces "passades", loin de tout romantisme exacerbé, mais en rendant toujours hommage à leur influence bénéfique ("Ce sont les femmes qui soutiennent le monde tandis que nous en troublons l'ordre avec notre brutalité séculaire"). Le gros morceau, en dehors de son "éducation à la littérature", demeure tout de même sa façon de faire revivre la Colombie des années 40 et 50 auprès de ses nombreux compagnons d'arme. Même si parfois on finit par être un peu perdu sous le déluge de noms qu'il cite (po un spécialiste (c'est un euphémisme) de la Colombie, j'avoue), il parvient à rendre passionnant ce monde bouillant d'activités politiques et artistiques (la littérature bien sûr, mais aussi la chanson, le cinoche, la peinture) et cet incroyable engagement au quotidien dans le monde de l'information. Définitivement, il fut à rude école, mais il sait aussi à quel point cette expérience lui a permis de prendre confiance en sa plume. Un parcours atypique, "fabuleusement" conté. 

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