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Shangols
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28 mars 2024

LIVRE : Un Hiver à Wuhan d'Alexandre Labruffe - 2020

"Hier horrifié, aujourd'hui admiratif, j'en souris et je voue à la Chine une reconnaissance éternelle. Celle de m'avoir enseigné les possibilités infinies du chaos".

 

Ah Wuhan, ses plages, ses jonques, son air pur... Euh non, pardon, c'est l'inverse... Joie tout de même de retrouver cette atmosphère si particulière (le mot est faible... et trompeur) de la Chine, en général, et de Wuhan en particulier même si je ne connais (éternel Shanghaïen que je fus) cette ville que par ouï-dire, trois de mes proches collèges de Shanghai d'alors en venant tout droit. Bref. Ici Labruffe revient, sporadiquement, sur ses multiples expérience chinoises lors de ces vingt dernières années : comme expert qualité (c'est un peu comme être prof de lettres classiques à Mayotte), puis comme responsable d'Alliance à Hangzhou, non loin de Shanghai, puis comme conseiller culturel à Wuhan en 2019, en première ligne, en effet, lors de cette fugace pandémie. Des impressions, des états d'âmes, des rejets, des notations touchantes, c'est un peu tout cela que l'on retrouve dans ce recueil-roman qui, sous ses allures un peu de bric et de broc (on saute d'une époque à l'autre, d'un lieu à un autre) donne une image, à mes petits yeux, relativement fidèle de cette Chine si bordélique et étrangement prenante (Labruffe, sous ses petits airs critiques, ne cessant finalement d'y revenir : même s'il se dit plus attaché aux Chinois qu'à la Chine, c'est tout de même de celle-ci, et non de ceux-là, qu'il ne cesse de parler - comme une troublante obsession). Oui, Wuhan, son air joliment pollué, ses étudiantes, ses karaoké, son alcool de riz et ce doucereux sentiment de paranoïa qui finit par vous envahir quand tout le monde alentour ne cesse d'évoquer le fait que l'on est constamment surveillé... Certes, il se passe parfois de drôles de choses, dans les ordinateurs notamment, mais Labruffe garde une certaine distance ironique (de bon aloi) face à ces petits "ajustements" locaux qu'il est bon de faire en soi : on ne comprend pas toujours tout, mais l'essentiel est de tenir le cap sans justement trop chercher à comprendre. Des expériences erratiques, drolatiques, des périodes de doute, oui, mais toujours l'impression de se retrouver au centre d'un chaos futuriste qui ne présage rien de bon pour l'avenir de l'humanité mais dans lequel on se laisse parfois bercer malgré nous... Plus certaines choses nous échappent, plus cela rend la Chine assez cocasse pour peu qu'une pellicule d'humour subsiste en nous (ah ce virus, tout de même, quelle bande de magiciens que ces Chinois !). Des propos parfois un peu décousus mais une vision "immersive" et personnelle d'une émouvante causticité. Vos prochaines vacances hivernales ? Vous pouvez aussi vous contenter d'une simple lecture... 

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