Wife Wanted (1946) de Phil Karlson

Petit plaisir de retrouver le gars Karlson aux manettes de cette production Monogram dans ce polar interprété (et produit) par une Kay Francis dont ce fut le dernier métrage. Oui, l'appel du théâtre fut ensuite apparemment plus fort... La star Kay (hop, on plonge recta dans l'intrigue), voulant investir (avec le même feeling que Gols) ses cachets de cinéma dans quelque chose de plus rentable, se retrouve bientôt en position d'associée dans une agence immobilière et, par la bande, dans un club de rencontres (c'est quoi le point commun entre les deux : c'est géré par des bandits) ; et bien justement, il se trouve que le gus (le finaud Paul Cavanagh) et la gâte (la peste Veda Ann Borg) à la tête de ces deux boîtes sont des parfaits enfants de salauds : chantages, affaires foireuses, meurtres, ils ne reculent devant rien pour se faire quelque menu monnaie sur le dos des autres, profitant de la solitude et du portefeuille bien rempli des unes, des uns et des autres... Rapidement, Kay se rend compte qu'il y a quelque chose de foireux dans cette double entreprise puisque lors de sa première vente, après une minute d'inattention au téléphone, elle réalise (oups !) que son premier client s'est suicidé en passant, hop, par la balustrade (le chèque qu'il avait mis sur la table ayant étrangement disparu) - c'est louche, me direz-vous, et vous avez raison puisqu'on l'a poussé, le gars. Kay veut dire deux mots à son associé mâle mais se rend compte un peu tard qu'elle est dorénavant pieds et poings liés avec ce fourbe... Elle décide de faire mine de rien tout en essayant en sous-main de le faire tomber... Elle peut être aidé edans sa mission par une chtite (Teala Loring, un joli minois mais un peu trop démonstrative) qui a déjà été victime d'une entourloupe et par un journaliste (Robert Shayne) qui, en sous-marin, en se faisant passer pour un client du club de rencontres, enquête sur ce mystérieux suicide...

Oui, l'intrigue, au départ, est un poil alambiquée et on se dit que la pauvre Kay va avoir bien du mal à défaire ce (double) écheveau (la liaison "individu riche en solo" et "placement trompeur")... On prend son mal en patience dans ce polar de série B qui tente de remplir gentiment son cahier de charge. Peu d'action mais le gars Karlson, entre un meurtre et une tentative de suicide, tente de nous faire patienter en tramant une petite histoire d'amitié entre Kay et Teala (entre femmes, il est bon de se serrer les coudes) et une pseudo histoire d'amour entre Kay et Robert (les deux jouent un double-jeu, faisant mine de prendre au sérieux ce club de rencontres et tentent plus ou moins de manipuler l'autre - et que pensez-vous qu'il arrivera à la fin ? Je vous le donne en mille Phil...). C'est un peu maigre, j'en conviens (j'oubliais aussi les super "effets spéciaux" avec ce piano qui se déplace et tourne dans la salle de restaurant - plus kitsch et merdique, tu meurs), mais la sauce finit quand même par prendre et le final, où tout doit se résoudre en cinq minutes, est suffisamment "excitant" (pas trop prévisible ? j'ai jamais dit que c'était un film noir, soyez honnête) pour qu'on ne regrette d'avoir point découvert cette oeuvre mineure de Karlson. A voir en double programme avec La Sirène du Mississipi, Shangols l'ami des ciné-club (de rencontres).