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Shangols
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2 février 2022

Aline de Valérie Lemercier - 2021

Sans titre

Je sais bien que je n'arriverai pas à convaincre les plus radicaux d'entre les lecteurs de Shangols, ceux qui jettent la musique de Céline Dion et le cinéma de Lemercier dans la même fosse, et je ne peux leur donner tort dans leurs goûts sûrs. Malgré tout, ils auraient tort de se priver de ce film surprenant, qui m'a cueilli (gentiment, hein, faut pas exagérer) alors que tout me hurlait de fuir dans l'autre sens. Lemercier trouve la distance parfaite pour traiter de son improbable sujet, ni trop ironique (bien qu'assez drôle), ni trop cucul la praline (bien qu'émouvante). Réussir un film aussi mignon sur une star aussi quiche ne peut que rendre respectable sa réalisatrice. Il est en effet, je ne vous l'apprends pas, question de Céline Dion dans ce film, qui tente de restituer finalement plus l'ambiance dans laquelle elle a passé sa vie que sa vie elle-même. Foin de la véracité historique, place plutôt à l'évocation. On suit donc l'existence détache de toute réalité d'Aline (aka Céline) depuis sa plus tendre enfance soutenue par toute sa famille québecoise à cause de sa belle voix jusqu'à sa retraite récente (et l'apaisement de nos conduits auditifs, il faut reconnaître), en passant par tous les passages obligés, la percée, la starification, René, Titanic, l'extinction de voix, la difficulté à faire un môme, les concerts à Las Vegas, et la retraite après la mort de son irremplaçable mari. Ce qui en ressort, c'est une tendresse infinie de tous les personnages qui l'entourent pour la petite Aline, choyée comme un bébé et admirée par tous ses proches : la famille de la dame forme comme une communauté autarcique, que ne viennent jamais interrompre les soubresauts du monde contemporain. Aline vit dans un monde fermé, lisse, rose, ce qui convient tout à fait à sa petite tête de linotte.

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Propulsée sur le devant de la scène à cause de sa belle voix, mais complètement à côté de tout ce qui a fait son succès (elle n'écrit pas, ne compose pas, n'a pas d'avis sur ce qu'elle chante, laisse les autres organiser sa carrière), en un mot assez stupide : Lemercier ne se prive pas de pointer du doigt la gentille sottise de son personnage, mais le fait avec une tendresse infinie, ce qui fait qu'on aime quand même cette dindasse. Elle le fait en appuyant sur la solitude de la star, entourée de sa famille, mais finalement bien seule face à sa vie. Aline est porté par des acteurs formidables, non point tant Lemercier elle-même qui joue avec une distance étrange (y compris dans les scènes improbables où elle joue une môme de 12 ans), mais toute l'équipe qui compose ses proches, accent canadien bien en place, bonheur évident de jouer dans le flm. Ma préférence à Sylvain Marcel, qui joue avec un doigté remarquable René, sans jamais tomber dans la caricature ni regarder son personnage de haut. Tout le film est à cette image, tendrement ironique (mais sans gags, sans ricanement) mais très amoureux de cette femme concon prise dans un destin qui la dépasse un peu. Avec une modestie et un effacement, qui lui font honneur, Lemercier raconte les toutes petites choses qui ont tressé la vie somme toute banale de son personnage, les anecdotes amusantes ou touchantes, les micro-détails pathétiques ; et elle dresse aussi le portrait d'une solitude, avec beaucoup d'empathie. On écoute par ailleurs là-dedans, outre les niaiseries chantées par Dion, une sérieuse bande-son de derrière les fagots qui fait du bien. Non, vraiment, une jolie petite chose, qui n'a pas une portée de dingue, mais qui est dotée de sa petite musique à elle. Touchant.

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