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30 septembre 2021

One Night in Miami (One Night in Miami...) (2020) de Regina King

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King adapte une pièce de théâtre à succès (enfin, sûrement...) où les auteurs se sont plus à réunir le temps d'une nuit quatre pointures (black) dans leur domaine : Cassius Clay (juste avant de devenir Mohammed Ali) qui vient tout juste de devenir champion du monde (pas de ping-pong, on est d'accord), Malcolm X (icône du mouvement la Nation de l'islam qui pense déjà fonder son propre mouvement), Jim Brown, grand champion reconnu de football américain qui aimerait commencer une nouvelle carrière dans le cinéma, et enfin Sam Cooke un chanteur romantique qui produit ses confrères. Quatre hommes, on peut le dire, presque au sommet de leur gloire, quatre amis qui le temps d'une soirée vont, à défaut de refaire le monde, exposer chacun leur vision... En maître de cérémonie, en un sens, Malcolm X tente d'imposer ses vues : s'unir et combattre ensemble pour que la communauté black soit reconnue à sa juste valeur (on est en 1964, beaucoup de chemin reste à parcourir à tous les niveaux...). Si le succès de Clay peut l'aider à faire entendre sa voix (on pourrait parler d'opportunisme amical...), la tiédeur d'un Sam Cooke dont les paroles de chanson ne sont guère engagées met le Malcolm dans tous ses états : il n'y a qu'en combattant qu'on peut vaincre... Il jette un petit froid dans la soirée alors même que chacun tente de faire entendre sa propre conception de la vie...

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Faut-il se servir des mots comme des baïonnettes dans ce monde où le black est chaque jour bafoué, faut-il acquérir sa liberté en assurant son indépendance économique, la gloire doit-elle permettre d'imposer ses vues, se bat-on pour soi-même ou les autres ?... autant de thèmes et de sujets de discussion qui alimentent cette soirée de "fête" qui tourne court : pas de petites pépés, pas d'alcool (ou très peu), Malcolm X met chacun face à sa vie pour tenter de faire un petit bilan et d'organiser le futur... Les discussions n'ont rien d'oiseuses et l'atmosphère devient rapidement un rien plombante... On admet que King tente de rendre son huis-clos moins étouffant en variant à l'envi ses angles de caméra, on reconnaît volontiers la belle performance des acteurs qui tentent de camper gentiment leur rôle (la force tranquille de Clay, la verve de Malcolm qui sourit quand il se brûle, le charisme de Brown et son tempérament bon enfant, le romantisme assumé de Cooke) mais avouons que le film s'engourdit un peu dans ce débat de "grandes idées à un tournant de l'histoire" sans jamais vraiment décoller. Il ronronne, tente deux-trois sorties un peu attendues (Clay en champion sur le ring, la parano (normale...) de Malcolm dès qu'il sort, les chansonnettes de Cooke), joue la carte des couleurs chaudes alors que l'atmosphère amicale, elle, se tend, mais la chose paraît formellement un peu trop lisse pour convaincre ; on aurait aimé un Clay plus saignant, un Malcolm plus enragé, un peu plus de tripes en un mot pour que ses (nombreux) dialogues prennent vie. Sages paroles et mise en scène un peu trop au diapason pour le coup...

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