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1 octobre 2021

Anne Boleyn (Anna Boleyn) d'Ernst Lubitsch - 1920

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Moui, on ne peut pas faire que des chefs d’œuvre, et Lubitsch a dû en passer par pas mal de films moyens avant de trouver sa "touch". Preuve en est avec ce Anna Boleyn qui n'a guère d'intérêt. Lubitsch s'y intéresse à la cour royale d'Angleterre au XVIème siècle, bon, et tente de nous plonger dans les ors et le velours de ce petit monde fermé, ainsi que dans les secrets d'alcôve. Surtout dans les secrets d'alcôve, même, puisque tous ces rois et princesses semblent n'occuper leur temps qu'en ripailles gargantuesques, tournois sanglants et amourettes éphémères. Curieux comme le film laisse hors champ tout l'aspect politique de cette caste. On passe donc deux heures à regarder le roi Henry VIII lutiner les filles qui passent à portée de regard. Il est pourtant marié, le bougre, mais quand ses yeux se posent sur les rondeurs charmeuses d'Anne Boleyn, il n'en peut mais : il la possédera, obtiendra le divorce envers et contre le Pape, et la fécondera pour offrir un héritier au trône. Anne a beau se tordre les mains et protester de son amour pour le beau Heinrich, il arrivera à ses fins... avant d'aller lutiner ailleurs, de faire un scandale quand la belle accouche d'une fille, et de la condamner ni plus ni moins au gibet pour se débarrasser d'elle. Triste, triste destin que celui d'Anne, femme malmenée par le pouvoir mais qui restera digne jusqu'au bout. Shakespeare en a fait une tragédie surpuissante, Lubitsch en fait un film un peu le cul entre deux chaises, ni vraiment reconstitution historique ni huis-clos, ni tragédie ni comédie. Pour tout dire, il semble chercher le ton du film pendant 2 heures, et ne le trouve jamais vraiment.

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La grosse erreur, c'est la comédienne qui fait Anne : Henny Porten est nulle, pas du tout le personnage. Tant physiquement (elle n'a aucun charme, aucun charisme, et pourtant les hommes semblent à genoux devant elle) que mentalement : elle passe son temps à se pâmer et à gémir, à mille lieues des grandes héroïnes lubitschiennes indépendantes et frondeuses. On a beau lui gueuler de réagir, de protester, de prouver à Heinrich son innocence, de se rebeller contre ce putain de roi, elle ne sait que pleurer et subir passivement son sort. Cette interprétation antipathique du personnage rend curieusement sympathique le roi, pourtant moralement bien vérolé. C'est le bon Emil Jannings qui le campe, et il en fait un paillard tout en rondeurs, lâche et veule, goinfre et dédaigneux, qui marque des points, un personnage pas si éloigné de ce que pourra faire Welles 30 ans plus tard. Heureusement qu'il est là pour nous détendre l’œil, car sinon le film manque cruellement de points saillants. Certes, on apprécie les plans larges remplis de figurants, mais si de temps en temps, on sent un vrai cinéaste (on ouvre une fenêtre, et hop on voit un pendu tout au fond), le film déroule son scénario un peu poussif (surtout sur la première heure) sans prouesse particulière. Bah, pas si mal, allez...

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