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4 mai 2021

Une Fille comme les autres (The Girl Next Door) de Gregory M. Wilson - 2007

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On ne se doutait pas, au vu des premières séquences de The Girl next Door, que la douce et sucrée romance rurale qui démarrait sous nos yeux allait se transformer peu à peu en voyage au bout de l'enfer. Voilà, j'ai teasé le film, avouez que je suis efficace et que vous avez envie de le voir. Ceci dit, je ne vous le conseille pas non plus, vous seriez déçus. La progressive plongée dans l’horreur est même la seule qualité notable de la chose, et si on excepte une scène assez rigolote dans le révoltant, on passe même 1h30 à se morfondre un peu en attendant l'émotion. Le film rentre dans la catégorie des "torture-porn", ces œuvres ambivalentes où la violence extrême est censée vous plonger dans un état entre dégoût et attraction, dans une démarche un petit peu douteuse et complaisante. Soit donc deux sœurs orphelines recueillies par leur tante dans une petite ville banale de l'Amérique des années 50. Celle-ci, très autoritaire et catho, va petit à petit leur faire traverser un véritable enfer : d'abord simplement adepte de la frustration et de l'humiliation, elle va vite passer aux brimades, aux coups, puis à la torture pure et simple, avec la complicité de ses fils (des ados fascinés par ce qu'ils font subir aux gamines), de quelques gamins et surtout de David, le voisin pétrifié par tout ça, un peu amoureux de l'aînée et dans une posture gênante entre acceptation et tentative de sauvetage. Soi-disant inspiré d'une histoire vraie, le film tend à montrer à la génération "MeToo" qu'il fut une époque où dénoncer des sévices aux flics ou aux adultes responsables ne servait à rien : le viol, la torture et l'assassinat à ciel ouvert étaient presque accomplis à la vue de tous.

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C'est toujours le problème avec ce genre : on ne sait pas trop sur quel pied danser, le film prenant un malin plaisir à nous montrer ce qu'il condamne, ou à fustiger les outils de notre plaisir. On est donc révoltés par ce que subit cette pauvre Meg et en même temps, en fan de gore, on en redemande. Wilson ne fait même pas semblant de jouer ce jeu dangereux, et pratique un cinéma de connivence assez pénible, dans une posture sado-maso difficile à défendre sur la longueur. "Regarde, mais condamne", nous dit-il en nous adressant de vigoureux coups de règle morale dès que notre œil pétille à la vue des dommages physiques subis par Meg. Cela dit, oui, le film est plutôt pas mal fait : les acteurs sont talentueux, surtout cette Blythe Auffarth qui arrive à rendre ses tortures crédibles (on a honnêtement mal pour elle, jusqu'à cette fameuse scène de chalumeau assez traumatique), et jusqu'à Madeline Taylor, la mère-ogresse de service, en pleine copie de la mère méphitique de Carrie, qui amène un côté clownesque à son jeu, comme tout bon méchant qui se respecte. Soigneusement mis en scène (tout l'aspect visuel, assez idyllique, estival, tranquille comme un roman de Stephen King, est parfait), pas trop con (un emploi minimaliste de la musique, notamment, qui rompt avec la mode actuelle), assez glaçant par certains côtés (même si le film ne va pas très loin dans le malaisant et la gêne, notamment sur l'aspect sexuel des rapports entre victime et bourreau), le film se laisse regarder sans déplaisir. Bon, allez, c'est le printemps, collons-lui la moyenne.

Ruth burns Megs privates

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