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Shangols
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4 mai 2021

LIVRE : Kérozène d'Adeline Dieudonné - 2021

9782378802011_1_75Tiens, c'est drôle, à la fin de ma chronique sur La vraie Vie, j'avais évoqué Haneke et là encore, dans la construction narrative de ce roman "choral et individuel", j'ai fini par repenser à l'Haneke des 71 fragments d'une chronologie du hasard... Le concept de Dieudonné est simple et mathématique (dommage simplement que le roman, contrairement à son précédent, déroule tranquillement ses petites historiettes sans franchement nous faire frémir) : une station-service, quatorze quidams, un cheval, un cadavre, chacun aura son chapitre... On pense dans un premier temps à L'Anomalie goncourisé, pensant qu'une fois cette petite présentation précise de tout un chacun, le livre va trouver son envol... En fait, cette présentation constitue l'essentiel de la chose : on reviendra à la scène de départ dans la station-service sur la toute fin, pour un ultime drame qu'on balaiera en deux minutes... Alors même qu'on sait tout des traumas, des problèmes, des emmerdes de tout un chacun, finalement, tout cela ne servira pas à grand-chose : ces quidams se retrouvent témoins d'un accident et poum, c'est plié. Bon... Restent, me direz-vous, les petits destins de ces personnes qui se sont retrouvées un soir, par hasard, dans l'obligation de prendre de l'essence... Mouais. On brasse des sujets tristement à la mode (viol, attentat terroriste, abandon de vioques...), certains traumas étant certes un peu plus originaux (qui peut se vanter de s'être fait attaquer par un dauphin ?), d'autres un peu plus banals (la triste vie de la nounou philippine ou du travailleur en abattoir ou du représentant en acariens...). On assiste finalement à autant de petites nouvelles que de personnages et si la chose se consomme très vite, on oublie pratiquement aussi vite ces petites destinées qui n'ont finalement pas plus d'importance qu'un plein d'essence... On pensait que Dieudonné s'amuserait des interactions entre ses créatures mais elle abandonne rapidement cette piste pour cette ultime tragédie qu'on avait d'ailleurs fini par voir venir... Une œuvre qui sent plus l'essence que le soufre, un divertissement policier qui n'a d'Haneke qu'un semblant de ressemblance de forme et pas franchement de fond.   (Shang - 26/04/21)


Tout à fait, tout à fait, je rajouterais même une pincée d’amertume après la lecture de ce roman d'autant plus décevant qu'il est le deuxième d'une auteur qui m'avait assez emballé avec son premier. Tout ce qui faisait l'originalité de celui-ci a été bien compris par Dieudonné, merci bien, et elle nous le ressert donc ici, mais sous une forme complètement privée de nécessité et sans aucune sincérité. La fantaisie demeurant son fond de commerce, elle nous pond le récit de ces personnages, tous originaux, tous improbables, tous étonnants... et tous invraisemblables à force d'être extraordinaires, ce qui gâche toute lecture. Une nana qui déteste les dauphins, un boucher qui élève un porc sur son canapé, un type qui collectionne les conquêtes sexuels sur internet, un cheval (?) meurtrier, trop c'est trop, on quitte bien vite ces petites nouvelles totalement ineptes, en attendant effectivement un dénouement qui n'arrivera jamais. Comme la dame a tout de même un certain talent, elle parvient toutefois à tourner ces textes pas trop maladroitement, c'est dynamique et original dans la construction et dans le ton. Mais c'est tellement léger, sans épaisseur, anecdotique et improbable qu'on se rend bien compte que le livre tombe en poussière au fur et à mesure de sa lecture, et qu'il ne va rien en rester en fin de compte. Dont acte. Presque nul...   (Gols - 04/05/21)

Commentaires
M
Hé hé hé.<br /> <br /> Très très heureux de voir que l'on se rejoint enfin sur cette dame dont les intentions suspectes, voire pas très honnêtes étaient - désolé de vous le dire- aussi repérables et visibles, dès son premier bouquin, qu'une crotte de nez sur la joue de Grace Kelly.<br /> <br /> On se demandait pourquoi, comment, comment, pourquoi, de fins lettrés comme vous avaient pu se laisser avoir par cette évidente tricherie qu'était La Vraie Vie. <br /> <br /> D'ailleurs, rien que le titre, fallait se méfier.
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