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22 mars 2021

Tongues Untied (1989) de Marlon Riggs

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Etre black aux Etats-Unis, c'est être ostracisé. Etre gay aux Etats-Unis, c'est être ostracisé. Quand tu es black et gay, autant dire que tu es aussi visible qu'une poussière dans l'air en pleine tornade. Riggs, sur une petite heure, s'attaque vigoureusement au problème : il y a des poèmes pour affirmer leur existence, leur appartenance, leur combat, des danses pour affirmer leur caractère, leur originalité (la fluidité des gestes dans ces improvisations de rue m'a laissé pantois, moi qui danse comme un astéroïde, certes), des manifs pour affirmer leur fierté, devenir enfin visible, des chansons pour affirmer leur beauté, leur sensibilité (Nina Simone (Black is the color of my true love's hair, magnifique) et Billie Holliday (Lover Man), absolument incontournables) mais aussi des monologues écrits par Riggs himself pour assumer et défendre cette condition plus souvent bafouée qu'à son tour (une petite parenthèse avec un sketch homophobe d'Eddie Murphy qui fait se bidonner la salle - fucking Eddie...). Riggs joue la carte du doc rythmé, rapé, boosté par des percussions pour que chaque mot aille droit au but. Des activistes prennent la parole pour évoquer et combattre l'homophobie au quotidien, des amants envahissent l'écran pour apporter une touche de sensualité... avant qu'en cette fin des années 80 particulièrement meurtrières pour nombre d'entre eux, le SIDA soit évoqué - besoin de se protéger pour ne pas "exploser" de l'intérieur. Le militant Riggs tente de transformer en parole toute la colère de cette communauté victime du rejet, invisible même aux yeux de la communauté gay blanche. Face caméra Essex Hemphill balance avec force conviction ces textes, ces poèmes comme pour donner enfin une voix à ces personnes longtemps mis au ban de la société et de leur propre communauté. C'est monté façon efficace et les punchlines s'enquillent pour que cette voix longtemps inaudible, longtemps ignorée puisse remplir comme un oeuf cette heure entièrement dévoué à une communauté souhaitant s'affirmer avec force. Petite piqûre de rappel pour un combat loin d'être gagné d'avance : un doc musclé, inspiré et explosif du gars Riggs. Poupoupou, Black men loving black men is the revolutionary act, yeah ! 

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