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29 septembre 2020

Crash (1996) de David Cronenberg

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Revoir presque 25 ans après Crash et se dire qu'il y a toujours des idées chez Cronenberg (bien aidé sur le coup par le bouquin de Ballard) mais qu'on a souvent ce sentiment qu'il ne fait qu'effleurer son sujet, qu'il n'ose aller au bout du bout du bout. On comprend rapidement quel est le concept de la chose : la fusion de l'homme et de la machine automobile, l'excitation de l'accident et de l'acte sexuel, eros, cicatros et thanatos mêlées ensemble pour le pire et le meilleur – ce qu’on pourrait ingénument appeler le sens de l’auto-destruction, guère traduisible en anglais. Il est question de crash et de crush en quelque sorte, ce qui est pratiquement la même chose à un U (turn) près : qu'on parle d'accident ou d'amour, il y a toujours une montée d'adrénaline juste avant le moment où, il y a l'excitation du danger comme du plaisir, et dans les deux cas l'indéniable fait que l’on n’en ressort jamais indemne. Les participants à ce crash, homme ou femme, partagent tous cette attraction pour le danger, pour les corps cassés et plus ou moins réparés, cette pulsion de mort et de sexe qui les lie - homme/femme, femme/femme, homme/homme, tous les assemblages sont permis, il n'y a pas de jaloux tant qu'il y a une banquette. James Spader, Holly Hunter, Elias Koteas, Rosanna Arquette, Deborah Unger se croisent et se branlent autour d'un levier de vitesse, se croisent et baisent en se contorsionnant sur ces putains de siège avant - rappelons que faire l'amour dans une bagnole quand on est grand, c'est tout de même jamais agréable : il y a toujours un pied qui déborde ou un genou qui se coince, mais je m'égare.

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Le concept de la perversion (aller jusqu'à recréer l'accident de James Dean ou de Jane Mansfield), de l'excitation effrénée (aucun jeu de mots est innocent), Cronenberg nous le fait bien comprendre et enfonce plus d'une fois l'accélérateur et le clou pour nous faire une petite démonstration de ces thèmes avec ces "hommes-machines", littéralement obsédés par les carcasses, la tôle froissée, l'huile qui fuit et le sperme qui gicle. Reconnaissons qu'à ce petit jeu de la perversité, Elias Koteas tient la corde : croiser Koteas au naturel, déjà, ça fout les boules, mais là avec ses tatouages, ses cicatrices et son regard fou, le type, s'il te surprenait au détour d'un banc sur une aire d'autoroute te ferait péter un joint de culasse. Ce mec fout les jetons et fait passer les quelques frissons du film... Parce que sinon (eh oui, c'est là que le vent tourne), on se dit que Cronenberg, finalement, n'a pas eu sur ce coup-là le courage de faire de crash un vrai film trash, un peu plus marquant qu'une simple trace de pneu sur l'asphalte. On voit de la cuisse, ça s'essouffle dans les caisses à vouloir copuler, mais la sensualité, à base de cuir, de sueur et de liquide de refroidissement giclant sur les housses, est malheureusement un peu absente ; les personnages semblent qui-plus-est un peu interchangeables et on se fout rapidement, finalement, de qui va le faire avec qui ; c'est toujours un peu basique dans les positions... Koteas, disions-nous, met un peu de fougue et de râles, mais c'est un peu le seul sur l'occasion. Niveau gore, là encore, le film est toujours un peu froid, un peu trop lisse, comme une calandre sortant tout juste de l'usine. On sait que Cronenberg n'est pourtant pas le dernier pour tomber dans le crade mais là, malheureusement, il nous sert une œuvre un peu trop grand public qui ne rentre pas violemment dans le coffre de son spectateur. Le sujet est caressé du bout des doigts, l'ambiance soft érotique est trop mollassonne, la musique métallique trop clinquante (genre lounge) et pas assez bourrine, bref, c'est un crash un peu trop en douceur pour marquer les esprits. Une œuvre qui amuse la galerie par son sujet un brin border line mais finalement guère plus violent qu'un essuie-glace un jour de brise.

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