Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
29 septembre 2020

Bandits Bandits (Time Bandits) de Terry Gilliam - 1981

Dès ses premiers films, Gilliam avait déjà trouvé cette sorte de style foisonnant et très chargé qui a fait sa marque jusqu'à aujourd'hui. Ca peut paraître renversant d'imagination, ça peut gaver : dans le cas de Time Bandits, ça gave. En se désolidarisant très clairement du ton "Monty Pythons", le bon Terry impose son style, mais tire dans tous les sens et laisse trop souvent l'humour au vestiaire.

vlcsnap_2010_05_24_19h26m56s238

Plein de bonnes choses pourtant là-dedans. L'ambition d'abord, énorme vu l'évident manque de moyens. Time Bandits est un film pour enfants qui s'attaque au merveilleux, aux grands mythes historiques, à travers une épopée dans le temps qui nous fait rencontrer tous les héros de notre enfance : Napoléon, Robin des Bois, Agamemnon. A chaque "sketch" (car le film échoue complètement à donner du lien entre toutes ces parties), le ton change, passant de l'absurde (la meilleure partie, celle de Robin des Bois avec un John Cleese hilarant en homme politique ambigü) à l'héroïc fantasy (le combat final contre le Mal), de la reconstitution assez précise à la rêverie pure. C'est parfois réussi, grâce à l'imagination sans limite de Gilliam, qui sait toujours imaginer le détail le plus improbable pour relancer son action. Quand le gars s'applique, rien à dire, il y a un très beau travail de décors, de direction d'acteurs, de dialogues. Même si le scénario est un peu poussif et souffre d'une naïveté qui confine à la mièvrerie, on sait gré à Gilliam de nous réserver encore quelques sorties délirantes qui rappellent ses débuts, et force est de constater qu'il ne manque pas de culot dans le projet. Pas de fric ? rien à foutre, je fais quand même.

vlcsnap_2010_05_24_19h34m54s156

Mais le film est très souvent inregardable techniquement : montage, mise en scène, découpage, rythme, tout ça semble bien être le cadet des soucis du réalisateur, qui saccage nombre de séquences par manque de tenue. Pour exemple, la scène de l'ogre en perte d'identité (il a mal au dos, ce qui l'empêche de paraître aussi terrible qu'il le voudrait) est un tunnel terrible, mal fagotté alors que les Monty Pythons en auraient fait un grand moment de n'importe quoi. De même, les inspirations baroques tombent très souvent à plat : on sent que Gilliam voudrait réaliser une sorte de mix entre la science-fiction contemporaine et l'imagerie moyen-âgeuse (les tableaux de Bosch ou de Brueghel, les films historiques de Pasolini ou de Fellini), mais ça s'arrête très vite, avec un vague cochon humain sans sève ou un Minotaure en carton-pâte. Time Bandits sent le film d'ado, trop mégalo et pas assez maîtrisé, et n'existe aujourd'hui que comme document intéressant pour regarder les autres films de Gilliam.  (Gols - 24/05/10)

vlcsnap_2010_05_24_19h48m45s18


vlcsnap-2020-09-29-17h42m59s625

vlcsnap-2020-09-29-17h44m01s398

Alors oui, on l'aime bien Terry Gilliam et son imagination extravagante, débordante, unique. On sait que le type n'a aucune limite dans la démesure et dans l'absurde. Il est même arrivé par le passé que le type nous épate par sons sens de la reconstitution et son fucking british humour so extravagant. Tout à fait. Seulement voilà, c'est sans doute un peu rêche dit ainsi mais on a l'impression que ce Time Bandits s'adresse plus à de (très)  jeunes pousses qu'à des adultes - éventuellement des historiens qui ont gardé une âme d'enfant, mais cela limite malgré tout la portée. Bien sûr, on peut trouver que cette échappée dans le temps d'un gamin avec six nains est trépidante, que cette traversée de différentes époques (de Napoléon à Robin des Bois, du Minotaure aux temps des chevaliers) est divertissante, que cette course-poursuite entre le diable, Dieu et les nains est pleine de suspense... Ouais, pourquoi pas. Seulement bon, non seulement le scénar tient sur un fil (on s'en fout de cette carte des temps) mais surtout on ne se marre guère... Je ne dis pas que l'enfant de huit ans, en 1981, n'en prenait pas plein les mirettes, Gilliam ne cherchant pas à faire dans l'économie au niveau des décors, des costumes, des figurants, voire des stars (Sean Connery, quand même, terrassant le Minotaure)... On est loin d'être dans le foutage de gueule, c'est clair, au niveau du spectacle et de la diversité des lieux traversés. Mais une fois passée ce petit oh d'exclamation devant un nouveau set démesuré, on se languit terriblement devant ces aventures en forme de sketches historiques ; nos six nains se démènent pourtant comme des diables pour se mettre sur la gueule, ricaner, trépigner, gesticuler, le final sent le feu d'artifice à la Gilliam avec ces chevaliers, ces cow-boys, ces tanks cherchant à fracasser le diable dans un décor grandiose en ruines : ça se donne et on se donne les moyens... Mais voilà, plus d'humour à la con, plus de gags venus d'une autre galaxie, comme si Gilliam prenait son budget affreusement au sérieux. Du coup, on regarde la chose d'un oeil un peu morne comme on boirait une bière un peu tiède, cherchant sous l'amertume à retrouver ce qui avant nous terrassait les papilles et absorbant la chose sans jamais frétiller de la queue ou du gosier. Pour les plus jeunes qui aimeraient déjà un tantinet les petits délires imaginaires... sinon c'est pas franchement bandant bandant.   (Shang - 29/09/20)

vlcsnap-2020-09-29-17h44m30s645

vlcsnap-2020-09-29-17h45m47s757

Commentaires
P
Gilliam déballe son coffre à jouets : c'est foutraque mais sacrément jubilatoire. Hier comme aujourd'hui le gaillard ne recule devant aucune fantaisie, même s'il s'agit de les mettre en scène avec des bouts de ficelle. C'est vrai que certaines scènes semblent avoir été griffonnées à la va-vite, sans doute même improvisées sur le plateau. Mais l'ensemble déborde de tant de générosité qu'on finit par tout lui passer. Cette verve fraîche et infantile rappelle surtout que Gilliam n'a pas toujours été le fantaisiste radoteur grisonnant qu'il est devenu.
Répondre
Derniers commentaires