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Shangols
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30 janvier 2021

Benni (Systemsprenger) (2020) de Nora Fingscheidt

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Eh bien oui, le voilà ce 9000ème article de Shangols ! Cela eut pu être le dernier film de Brac mais ce sera, pour des raisons techniques indépendantes de notre volonté, le premier film de cette cinéaste allemande Fingscheidt... Bon c'est aussi une sorte d'avant-première puisque le film ne sortira que cet été en France. De quoi s'agit-il donc ? D'un sujet bien épineux ma foi, celui d'une gamine de neuf ans irascible, et quand je dis irascible je pèse mes mots : quand la chtite pique des crises, elle te pète le nez à tous les gamins qui l'entourent ; le truc à ne jamais lui faire, lui mettre la main sur le visage : suite à un trauma d'enfance, la chtite devient alors plus dangereuse qu'un mogwai nourri après minuit ; incontrôlable, destructrice, insultante, horrifique, il n'y a que la police ou les infirmiers pour reprendre le dessus sur cette petite tête blonde hiroshimesque dans ses colères... Sa mère (qui en a pondu deux autres) a baissé les bras et la gamine va de foyer d'accueil en foyer d'accueil... On voit mal ce qui pourrait changer la donne au vu de ces crises de folie… Un éducateur, ou plutôt un type sensé l'accompagner pour aller à l'école, relève malgré tout le gant. Il propose d'amener la gamine quelques jours dans la forêt pour voir s'il est encore possible de la dompter. Quelques notes d'espoir entre chute et rechute d'une gamine terrible.

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C'est le genre de thématique qui n'est pas franchement attractif pour les personnes en manque de divertissement. Certes. C'est bien dommage car ce film, sur deux heures, est une vraie tornade ; sur le fond, hein, bien sûr, la chtite cassant plus de bibelots en cinq minutes qu'un éléphant invité à une conférence dans un magasin de porcelaine ; mais aussi sur la forme : Fingscheidt filme ses personnages au plus près, des personnages (tous parfaitement crédibles) souvent en mouvement d'ailleurs, et les deux heures passent comme un mirage. Une histoire certes remarquablement construite mais surtout une interprète principale absolument bluffante : Helena Zengle déchiquète tout sur son passage, au propre comme au figuré. Petite tête blonde capable des plus beaux sourires avant de te mordre dans un accès de sauvagerie qui frôle le gore. Elle se retrouve véritablement au centre de l'attention. Les adultes l'observent, s'observent, avant de gérer au mieux leurs interventions. Toute une équipe est à son chevet, une équipe qui doit faire preuve d'une patience diabolique pour gérer cet ange du mal... Tout le film est tendu, entre les petites avancées faites pour rendre la gamine plus responsable et ses excès de violence absolument insoutenables. Vous ne lui confierez pas, par exemple, un chaton - non pas qu'elle soit particulièrement méchante en soi mais totalement imprévisible dans ses réactions, dans ses pétages de plombs. Sujet ardu mais très délicatement traité par la cinéaste qui n'essaie jamais de rendre plus gentillets qu'ils ne sont les éducateurs (costauds mais point indestructibles...) ou de verser dans l'excès de pathos (même si la mère de Benni est absolument désespérante...). Portrait sans concession d'une enfant terrible, genre de Ponette punk, aussi naturellement douée, mais définitivement plus sauvage. Un bien bon film pour donner envie de retourner dans les salles...   (Shang - 11/06/20)

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C'est punchy, effectivement, mais franchement je ne vois pas ce que mon compère a pu trouver là-dedans de suffisant pour classer ce film dans les meilleurs de 2020 (la disette, peut-être ?). Rien de raté, non non, mais disons qu'on a déjà vu ça tellement de fois (l'enfance butée, les parents absents, l'administration impuissante) que ce film fait l'effet d'une resucée, filmée comme les autres, bien entendu très bien jouée mais uniquement par son personnage central. Caméra à l'épaule qui tente faussement de suivre sa gamine hystérique en courant comme si le diable était à ses trousses (le système Dardenne poussé jusqu'à ses retranchements), alternance académique de moments calmes et lumineux et de crises violentes, portrait convenu d'une gamine "si insupportable mais en même temps si attachante", on reste quand même dans le tout-venant de ce type de production concerné et indigné. Deux choses pourtant font sortir un peu le film du lot : 1 / sa comédienne, effectivement bluffante de vérité et de brutalité, terrifiante comme dans un film d'horreur, et que Fingscheidt filme dans tous les sens de peur de perdre une miette de sa composition. Elle est de toutes les scènes, et son jeu survolté compense un peu celui moins convaincant des seconds rôles, notamment cet éducateur qu'on dirait issu d'un magazine de mode, mauvais comme un cochon. Et 2 / la fin, qui ne cherche pas la résolution de la "trame" (très relâchée), qui laisse les choses béantes. A part ça, le film se traine quand même pas mal (30 minutes de trop ?), ne raconte quand même pas grand chose (le cas est trop extraordinaire pour être vraiment emblématique), et ressemble finalement à plein d'autres films : ni génial, ni raté, juste pas trop mal, quoi.   (Gols - 30/01/21)

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