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30 janvier 2021

The Making of Fanny and Alexander (Dokument Fanny och Alexander) (1984) de Ingmar Bergman

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Quel plaisir de voir Ingmar Bergman et Sven Nikvist au travail et qui plus est pour l'une de leurs oeuvres communes au tournage fleuve (sept mois) les plus géniales. Bergman, la veille du tournage, le dit franco à ses acteurs : désormais, ce texte qu'il a écrit, ne lui appartient plus, aux acteurs de le porter. Bergman quitte en quelque sorte sa casquette d'écrivain pour celle (et ce n'est pas une simple formule) de metteur en scène et de cinéaste (les deux ont leur importance) : omniprésent auprès des acteurs pour faire une ultime répétition avec le clap (les prenant par le bras pour les accompagner dans leur cheminement, leur indiquant une intonation, un geste, un regard), il reste le plus proche possible d'eux pendant le tournage-même (à tel point qu'on se demande comment il est possible de ne pas le voir dans le champ). Sans être pour autant dictatorial ou particulièrement lourd, il guide ses acteurs (jeunes et vieux, novices et expérimentés) puis les laisse jouer leur partition, le sourire aux lèvres, tout en restant aux aguets ; s'il s'agit de refaire une prise, cela est dit sur un ton serein, comme pour s'assurer d'un doublon par pure sécurité, sans apporter le moindre stress à ses interprètes. Le type est juste diablement précis, bienveillant, réconfortant - jamais un mot plus haut que l'autre ; même lors de scènes un peu périlleuses qui nécessitent de multiples prises pour que tout tombe pile-poil (diriger un acteur qui joue avec une bougie sur la tête en tenant un parapluie et en chantant une ritournelle), aucune tension particulière vient envahir le plateau. Ce qui sidère, en particulier dans les scènes d'intérieur avec plusieurs personnages, c'est de voir la chorégraphie génialissime et fluidissime qu'il parvient à mettre en place... Tout en maîtrisant à la perfection le placement et les mouvements de la caméra - on y vient. Les maîtres-mots semblent bien être dans ce domaine, "suivre l'action sans donner l'impression que la caméra bouge" (tout l'opposé de la fameuse caméra-épaule, en un sens) : et c'est franchement magique de le voir régler une scène, le tout aux côtés du taiseux Nikvist, Bergman ne pouvant s'empêcher de toucher la caméra et d'y coller son œil pour avoir une idée précise du mouvement et du cadre. Le sage Nikvist garde le contrôle de sa machine, tout en gardant lui aussi constamment un œil sur les éclairages, la lumière, les nuances de ton. On sent que les deux hommes se respectent, savent à quel point ils sont dans leur genre les meilleurs et la collaboration se révèle d'une efficacité redoutable. C'est mieux que beaucoup de discours et que n'importe quelle master classe à la con : nos deux amoureux du cinéma bossent, avec une rigueur absolue et en donnant l'impression qu'ils savent toujours parfaitement où ils veulent aller. Une leçon, et un doc qui donne forcément envie de revoir une énième fois ce must incontournable du film d'enfance.

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Ingmar à bout : ici

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