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23 mai 2020

Purgatoire eroïca (Rengoku eroika) (1970) de Kijû Yoshida

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Alors là, comme disait ma grand-mère, j'ai trouvé mon maître ! J'ai beau connaître mon Yoshida sur le bout des doigts, cet opus politico-révolutionnaire m'a laissé totalement démuni… C'est sûrement, faut quand même le dire, l'un des effets recherchés : rarement j'ai vu une œuvre aussi décousue, mais le pire, décousue de façon voulue... Il est question au départ d'une fille égarée (la fille de la révolution, condamnée à errer ? J'arrêterai là mon analyse, sinon je risque de me viander...), de sa famille "d'accueil" (dont fait partie un ingénieur), de son vrai père qui vient lui rendre visite et à partir de là... tout part absolument en quenouille... Présent et passé (voire même futur puisque une séquence se déroule en 1980) se mêlent : il est surtout question d'une bande de révolutionnaires (dont fit partie l'ingénieur) qui fomente un coup, un coup qui foire... Il est question d'un espion parmi eux (qui n'existe pas forcément...) et de suspicion sans fin... Notre ingénieur se retrouve tour à tour homme de main, puis accusé, puis leader, puis pendu, sans que l'on ne comprenne franchement jamais le pourquoi du comment de cet imbroglio. Yoshida semble prendre plaisir à gommer les frontières dans le temps, dans l'espace aussi, et toute la logique du bazar explose... La fin des idéaux, la paranoïa des mouvements de guérilla... ?

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Tout ce petit monde (plus des types déshumanisés que des personnages : aucune émotion, chacun agit sans affect) se prend diablement au sérieux dans cette œuvre qui a pourtant souvent des allures de farce grotesque : on se retrouve rapidement totalement noyé dans ce magma narratif et l'on a l'impression que Yoshida prend un malin plaisir à nous garder la tête sous l'eau ; c'est certes esthétiquement toujours aussi soigné mais ce labyrinthe de cadres géométriques semble plus fait pour nous perdre (dans un décor désaffecté, nu) que pour nous donner de quelconques indications sur le sens à donner à tout cela. Les femmes, seules, semblent capables de s'extirper indemnes de ce monde ("dead end" peut-on lire sur la fin : ah oui, ça pour être dans l'impasse, je ne saurais mieux dire) mais là aussi tout cela n'est qu'une vague impression. Une œuvre indéniablement d'avant-garde, artistiquement soignée mais définitivement par trop impénétrable à mes yeux. Cette vision héroïque de la chose m'a totalement purgé - Kijû m'a eu et me laisse un peu sur le carreau…

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