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18 mai 2020

Gray's Anatomy (1996) de Steven Soderbergh

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Spalding Gray, auquel Soderbergh rendra hommage en lui redonnant longuement la parole en 2010 (And Everything is going fine) est un showman qui, assis derrière sa petite table, un verre d'eau à portée de main, raconte sa vie. Son truc : la verve et le sens du détail. Spalding Gray parle, parle, parle, presque plus que d'autres respirent, monologuant indéfiniment comme si sa vie était un roman dont chaque détail était intéressant. Le résultat oscille entre l'exploit verbal (il aime à enchaîner les phrases sans ponctuation : exercice virtuose, même s'il postillonne plus souvent qu'à son tour (c'est l'effet Covid, ça, on remarque dorénavant certaines choses avec un rictus torve)) ou logorrhée verbale d'un homme un peu cuistre, ça peut dépendre de notre humeur... Ici, son sujet de prédilection, c'est  lui, et plus particulièrement son oeil (sujet sensible, en soi déjà, et encore plus particulièrement pour votre chroniqueur ci-présent). Un jour, Spalding, se rendit compte, que son oeil gauche voyait trouble. Il consulta un spécialiste, il fallait opérer... Chez un gars normal, l'anecdote ferait cinq minutes. Chez lui, ça va prendre facilement une heure vingt. Non seulement pour raconter les symptômes du mal et sa visite chez un spécialiste, mais aussi pour raconter tout ce qu'il décida de mettre en branle pour éviter l'opération : méthode traditionnelle indienne, régime de légumes crus, séance aux Philippines chez un charlatan... Gray en fait des tonnes, comme s'il avait découvert le monde de la médecine parallèle, faisant de son cas forcément un cas unique (avec des résultats pourtant absolument nuls). On aime lorsqu'un Nanni Moretti hypocondriaque nous raconte ses petits problèmes de santé - parce c'est fin et drôle. On aime moins lorsqu'un Spalding en fait des caisses pour conter ses initiatives à la con et ses aventures pathétiques. Et pourtant Dieu sait que Soderbergh met les moyens pour le mettre en scène : effets de lumières, projection d'images, ambiance adaptée au contexte - le cinéaste multiplie les mouvements de caméra et les changements de décors pour rendre plus captivant l'autre feignant sur sa chaise ; malheureusement, malgré tous les effets et les efforts, ce show nous lasse et l'on ne remarque finalement qu'une chose lors des gros plans de l'artiste qui passe pourtant par toutes les couleurs et les expressions grimaçantes : cette petite canine de droite qui dépasse de la lèvre supérieure et qui lui donne un aspect ridicule (je passe sur les postillons, je l'ai déjà dit et c'est un peu mesquin...). Tout ça pour ça. Un exercice qui tourne en fait un peu à vide. Bref, cet exercice de récit égotique qui vire méchamment à la chienlit... Décidément, je me rends compte que je suis rarement sensible à l'humour ricain.

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