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5 mai 2020

Homicide par Impulsion : c'est mon Fils (Shōdō satsujin musuko yo) (1979) de Keisuke Kinoshita

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Un film qui part d’un très bon principe sur le fond mais qui manque définitivement de nerfs, de souffle et qui s’étale longuement sur plus de deux heures. Le père Kawase est aux anges : lui, duraille avec son fils qui bosse à ses côtés dans son entreprise de métallurgie, vient enfin d’entendre de la part du fiston de sages conseils sur l’avenir de l’entreprise – le fils proposant notamment d’embaucher de nouveaux représentants… Et puis le fils, en ce samedi, alla pêcher avec un proche. Et revint. Et se prit un coup de poignard par un quidam… Sur son lit de mort, à l’hôpital, le fils demande au père de le venger. Et lâche son dernier souffle. Consternation. Le coupable (un abruti) est rapidement arrêté et le père tentera piteusement de lui flanquer un coup de couteau de cuisine dans les couloirs du tribunal... Peine perdue et peine minimale nipponne puisque le gars écope, en raison de son jeune âge, de 5 à 10 ans. Le père est dépité mais ne tarde pas à se lancer dans un nouveau combat : venir en aide aux familles touchées par le meurtre d'un proche et obtenir de la justice un dédommagement. Un long combat qui va mener notre homme dans tout le Japon.

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Le discours est sain (ne pas chercher forcément à plus punir le meurtrier mais tenter autant que faire se peut d'atténuer les "difficultés" des familles touchées – sans aucun revenue, c’est souvent la misère après la détresse) mais la démonstration est par trop longue et franchement poussive. On suit notre homme aux airs de chien battu, le regard bas (il est à moitié aveugle), aller à la rencontre des familles, plein d'empathie envers son prochain – lui-même est passé par là, il connaît les étapes, de la haine pure au sentiment de vide. Sa femme, elle (ma pauvre Hideko Takamine dans ce qui sera son dernier film), n'en finit pas de pleurer et d'avoir le teint plus vert qu'un supporter du chaudron. On voit que la douleur est immense (ce fils tant aimé), on voit que leur engagement est pétri de bonne volonté, mais le cheminement de ces deux âmes en peine peine malheureusement à nous toucher. On sent que Kinoshita prend plaisir à nous montrer des trains, des gares, à sillonner ce Japon non pas à la recherche de phares cette fois-ci mais de veuves, on connaît toute sa capacité à nous montrer dignement le malheur des autres mais on reste un peu en dedans dans ce récit répétitif et laborieux (les flash-backs lourdement amenés, les redites dans la première heure...). On est dans la démonstration avec gros sabots et même si ce gros bonhomme (Tomisaburô Wakayama, également notre idole pourtant) prend sur ses épaules toute la misère du monde, ne lâche rien, on a plus envie de lui taper gentiment sur l'épaule que de partager ses tonnes de soucis. On sent que dans ce cinéma de la fin des seventies, du début des eighties, il manque une étincelle comme si ce genre de production, trop dans les clous, ne pouvait laisser place à aucune audace – et l’émotion est un peu forcée. Film sain dans le fond mais avec le feeling dans les chaussettes.

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