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4 septembre 2019

LIVRE : La Mer à l'envers de Marie Darrieussecq - 2019

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Le migrant, dur à dire, est à la mode dans les productions artistiques actuelles en tout genre. Darrieussecq n'y va pas avec le dos de la cuillère pour nous parler du sien, de migrant : une femme bien moyenne va "craquer" pour un migrant et oulala, cela risque bien de changer sa vie. On est dans la métaphore à gros sabot puisque cette Rose n'est pas à bord du Titanic mais d'un paquebot (ce serait un modèle du genre en tant que "consommons en masse, polluons" que cela ne m'étonnerait pas) ; deuxième fait notable et lourd en symbole : elle croise un migrant auquel elle confie le portable de son fils... Popopoh énorme drame pour son enfant qui, sans portable, perd quasiment toute raison de vivre (Voyez la différence de civilisation et un peu où on en est, bordel ?). Bon. Au niveau du touché-coulé « dénonciation », on est dans la grosse artillerie. Après, au niveau du style, la Marie qu'on avait connue plus inspirée à ses débuts (et plus "littéraire" mais peut-être que mon souvenir date un peu) s'essaie au "stream of consciousness", d'une certaine façon, de cette femme moyenne moderne. Autant dire qu'on a parfois des bouts de phrases plus ou moins mal fagotées pour nous rendre compte de ses doutes, de ses peurs, de ses états d'âme (la misère du monde passe-t-elle avant les petits problèmes de merde de ses enfants ? Il n'y aurait pas de quoi en faire un drame mais elle culpabilise un brin, la pauvrette). L'intérêt de la chose c'est que cela se lit aussi vite qu'une poignée de sms. L'aspect un peu plus lourdaud c'est que parfois ça sent un peu le relâchement et une certaine facilité : on ne va pas se prendre le chou à écrire des trucs tarabiscotés syntaxiquement, il faut absolument qu’on reste dans l'esprit d'une femme moyenne - attention, une femme moyenne pleine d'empathie pour le monde, ce n'est pas rien ; le mari, lui, en comparaison, passe juste pour un gros beauf sans intérêt (elle se demande bien d'ailleurs, notre héroïne, ce qu'elle fait avec ce genre de type - sans remettre non plus vraiment en cause son statut : ils ont acheté une maison en province pour fuir Paris, ce serait dommage de tout foutre en l'air). Rose, après moult tergiversations, va décider d'aller porter secours à son petit migrant à Calais (Darrieussecq semble avoir autant connaissance du terrain que moi du polo), voire même de l'héberger ; oui, elle est courageuse, la Rose, malgré tous les qu'en dira-t-on (son mari, lui, reste transparent). Un happy end est même prévisible… Bon, alors, je ne voudrais pas être trop critique (vous me connaissez, c'est pas le genre de la maison) mais ce petit opus qu'on pourrait qualifier d'un tantinet opportuniste (cf l'intro) n'apporte guère plus d'eau au moulins qu'un film de Lioret (genre). C'est même pour le coup déjà un peu daté. Un tout petit caillou dans la mare de la rentrée littéraire...

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