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24 juillet 2019

LIVRE : Redrum de Jean-Pierre Ohl - 2012

9782072792779,0-5492285Pour tout kubrickien qui se respecte, le mot "redrum" est un mot de passe très tentant, et la lecture de ce bizarre roman de Ohl est donc un sine qua non. On plonge ainsi sans réserve dans ce monde légèrement futuriste, sur les traces d'un spécialiste de Kubrick invité sur une île pour un colloque sur le maître par un mystérieux milliardaire. Le cinéma en 2D a depuis longtemps perdu tout intérêt, et seuls quelques vieux nostalgiques érudits continuent à fantasmer sur Ford ou à se disputer sur les travellings de Lolita. Notre héros va rencontrer Onésimos Némos, le fameux hôte, et nouer avec lui quelques liens tordus, d'autant que le maître a inventé un système informatique qui offre une copie très crédible des morts, et permet de les re-rencontrer après leur trépas. Vous voyez venir le truc : c'est la porte ouverte à la thématique fantasmatique du cinéma en tant que ressusciteur de fantômes, sur son aspect érotique et fétichiste. Brèche dans laquelle notre exégète de Barry Lyndon s'engouffre, non sans aborder au passage d'autres rivages bien troubles, comme sa passion quelque peu coupable pour Gene Tierney ou son attirance toujours forte pour son ex-femme également invitée sur l'île.

Ohl écrit très bien, nous pondant même ça et là quelques comparaisons ou quelques acrobaties stylistiques parfaitement réjouissantes. Mais ce qui compte le plus dans ce roman futuriste finalement assez optimiste, c'est la trame. De toute évidence cinéphile intelligent et compulsif, Ohl réussit parfaitement à nous faire entendre cette fascination légèrement rétro pour le cinéma, surtout celui fétichiste de Kubrick. Il y a notamment un chapitre très joliment inventif où les personnages sont immergés dans les films de Kubrick, à la fois spectateurs, acteurs et critiques. Si la fin est assez attendue et pas très claire dans sa finalité tragique, on aime se ballader ainsi en compagnie de ces érudits ringards prêts à en venir aux poings pour défendre un zoom ou un jeu d'acteur, et on apprécie la vision très juste de Ohl sur le cinéma : un monde déjà mort qui fait renaître les fantômes. Les rapports avec les actrices mortes et reprogrammées par Némos sont ainsi un mélange de fascination et de morbidité. Le gars réussit aussi très bien le passage du cinéma à une aventure beaucoup plus intime, en l'occurrence les rapports avec une mère disparue avant qu'on ait eu le temps de lui faire ses adieux. Bref, beaucoup de bien à dire de ce petit livre sans façon, pas super original mais attachant et sincère.

Commentaires
M
Beaucoup aimé, à sa sortie, ce bouquin drôlatique (la clone de Gene Tierney !!). J'avoue un faible pour JP Ohl, et ce que je préfère de lui c'est sa dinguerie autour de Charles Dickens : Les Maîtres de Glenmarkie. <br /> <br /> Contrairement à vous, je le trouve super original. <br /> <br /> J'ignore s'il est toujours libraire, ni si, depuis Redrum, il a publié autre chose.
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