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23 janvier 2019

Vice (2019) de Adam McKay

vlcsnap-2019-01-23-15h55m11s710

J'avais un peu peur de la biopic politique à la con (avec force caricatures et exagérations de tout poil) et disons-le franchement, et ce même s'il n'y a pas à sauter au plafond de la Maison Blanche, Vice est un film avec suffisamment de vice - et vice versa – pour apprécier quelques petites surprises. Tout d'abord notons que McKay, à la direction et à l'écriture, s'offre quelques menus plaisirs : un générique de fin en plein milieu du truc, un mystérieux quidam qui s'adresse tout au long du film face caméra (et sert au besoin de voix off – mais qui est-ce ?), et une certaine tendance à aller plus sur le terrain de la politique que du côté personnel assez revigorante dans le genre : on a en effet un peu peur au départ d'assister à un récit raconté par le petit bout de la lorgnette (plus jeune, Dick Cheney était un gros fêtard et un gros branleur, du coup plus tard...) mais le réalisateur réctifie en cours de route le tir pour nous donner surtout à voir des coulisses du pouvoir pour le moins édifiantes (edifying in english). Attention, on ne nous révèle pas les perversités cachées de Bush junior (Sam Rockwell, excellent dans son mimétisme du regard torve) ou de Donald Rumselfd (Steve Carell, rigolo avec son petit sourire figé qui fond avec les années et les emmerdes) ; de même, on connaît malheureusement on ne peut trop cet épisode de la guerre en Irak où les Américains ne disposaient d'aucune bille pour. Mais il y a tout de même un petit côté saisissant à voir Dick Cheney rouler dans la farine ce couillon de Bush et, une fois vice-président, réussir à concentrer un maximum de pouvoir et d'influence... Le petit père Dick fait son trou, manipule son petit monde sans avoir l'air d'y toucher et prend des décisions individuelles totalement hallucinantes au regard de l'impact que cela put avoir sur les populations civiles étrangères - sans parler des traumatismes sur le soldat ricain qui finit bêtement par avoir l'habitude... Petite cerise sur le gâteau, Christian Bale avec ses bajoues, son accent trainant et sa calvitie semble s'être fait un petit plaisir à phagocyter l'homme politique - parfois cette copie physique est too much et ratée, il s'en sort ici plutôt bien. Les arcanes de la politique ricaine, les petites phrases assassines, les associations de "malfaiteurs" (Cheney sait s'entourer de responsables légaux relativement pointus et utiles), bref un portrait à charge qui fait à la fois sourire (à malin, malin et demi) et à la fois vomir (comment justifier la torture en une petite procédure) de nos voisins d’outre-Atlantique. Après, c'est un peu longuet, un peu gnangnan parfois (les deux filles des Cheney, la mère forte et protectrice de son homme, les problèmes cardiaques du Dick…) et l'on apprend finalement rien de nouveau sur les petits arrangements bien dégueulasses entre puissants. Mais il y a un ton un peu caustique, des personnages qui ne font pas uniquement de la figuration et un enchainement d'événements (comment Dick gravit les échelons en jouant doucettement des opportunités dans ce petit monde où les antécédents et les accointances importent plus que les compétences) qui donnent à ce Vice une petite pointe de cynisme – c’est toujours agréable au milieu de ces films ricains avec leurs gros sabots. Vertueux à défaut de fulgurances artistiques...

vlcsnap-2019-01-23-15h56m32s770

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