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6 septembre 2018

Chien de Samuel Benchetrit - 2018

Faut-il-aller-voir-Chien-de-Samuel-Benchetrit

Benchetrit a un problème avec la lose-attitude, si on en croit ce film totalement déprimé, qui va chercher dans le fond du fond de la banalité de la vie, alors que le bougre semble lui-même très éloigné de ce milieu (je lis Paris-Match chez le dentiste, et je ne vois que réussite amoureuse, succès financiers et photos de mode pour lui). Je ne suis pas psy, mais il y aurait sûrement là quelque chose à chercher dans la culpabilité d'être riche et célèbre, ou en tout cas dans une sorte de sado-masochisme envers ses personnages (et du coup, lui-même). Bon, ceci dit, abordons Chien sans références à son auteur, on verra bien.

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Jacques Blanchot (Vincent Macaigne) perd tout en quelque jours : femme, enfant, travail, identité et sens de la vie. Hébété, éjecté de la vie, il tente de se réfugier dans la compagnie d'un chien. Il rencontre alors un dresseur un peu torve (Bouli Lanners), qui va peu à peu faire de Jacques son animal soumis. Tel un Gregor Samsa moderne, celui-ci se transforme peu à peu en chien, trouvant dans l'asservissement et l'obéissance une manière d'échapper à sa triste existence, de lâcher prise. Mais les clébards, on le sait, sont aussi des animaux dangereux... (je le vends super bien). La déshumanisation de la société moderne, voilà à quoi s'attelle sans scrupule Benchetrit, à travers ce conte bizarre, dont on ne sait trop si on doit en rire à cause des situations absurdes et de l'humour à froid de la chose, ou en pleurer, à cause de l'atmosphère blafarde qui baigne l'ensemble, et du fond profondément déprimant. On est en tout cas un peu mal à l'aise devant le flou artistique de l'ensemble, et on se dit qu'il est dû plus à une hésitation dans les choix du réalisateur qu'à une vraie volonté. La glauquitude s'installe peu à peu, et on la doit à une supériorité latente de Benchetrit par rapport à ses personnages, qu'il méprise visiblement. Le personnage de Lanners, notamment, est un pervers sans excuse, brutal et sadique, et jamais on n'entrevoit de manière de nous le faire aimer ; tout comme Vanessa Paradis (l'épouse), regardée comme une mannequin sans âme. Seul Macaigne semble intéresser réellement Benchetrit, qui a l'air de vouloir poser sur lui un regard un peu tendre. Mais on est agacé par le jeu uni du gars, et son personnage de naïf passif et dépressif finit par fatiguer à la longue. Le film traduit une vision très nihiliste des rapports humains, une sorte de cynisme, de dégoût, qui ne parvient pas à faire un film. Car tout ça sent la posture de nanti, qui regarde les petites gens comme des cobayes de laboratoire et jouit de les voir se rouler dans la crasse. Les scènes dans le magasin où Jacques travaille, par exemple, sont caricaturales, irréelles, complètement ratées, et témoigne d'une grande supériorité.

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La fin du film, beaucoup plus touchante, laisse entrevoir ce qu'il aurait pu être : un long monologue de Macaigne, tout en simplicité, où se laisse découvrir la tendresse et la douceur. Voilà qui dément l'atmosphère bourbeuse de Chien, ces scènes malaisées de torture psychologique ou physique, ces rapports fermés par tous les bouts, engoncés dans une mise en scène moche qui privilégie les décors de banlieue pourrie et de campagne sans âme. Ce film pue des pieds.

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