LIVRE : Une Question De Temps (Absolution) de Samuel W. Gailey - 2016

Voilà un livre qui trouverait bien sa place dans un colloque sur les clichés dans le thriller américain contemporain. Gailey semble arriver avec 40 ans de retard, et nous ressert sans aucun complexe tous les motifs vus et revus chez ses prédécesseurs, comme une compile des meilleurs moments. C'est bien simple : vous prenez tous les polars noirs de ces dernières années, vous en gardez les épisodes et les personnages les plus marquants, vous gardez strictement la même trame, et vous passez à la caisse. A ce niveau là, c'est plus de l'hommage, c'est du plagiat. Soit donc une nana, alcoolique et marquée par un passé difficile comme il se doit, qui se retrouve au matin au lit avec un cadavre. Elle ne se souvient de rien, trop pintée. Mais à ses pieds, voilà-t'y pas qu'elle trouve, ô surprise, un sac plein de biffetons. Après le paragraphe de rigueur où elle songe à prévenir la police, devinez ce qu'elle fait ? Contre toute attente, elle pique le pactole et fuit à travers le pays. Et savez-vous qui va la poursuivre ? un duo de tueurs, composé d'une brute épaisse et débile et d'un suave exécuteur sans pitié et supérieurement bien élevé. Arrêtez de bâiller comme ça, et jugez plutôt : elle va aussi rencontrer une ado en fugue. Ça vous dit quelque chose ? Mmmm, c'est peut-être parce que vous avez lu des livres ou vu des films ou regardé des séries ces 20 dernières années, non ? Gailey le sait très bien lui aussi, que son histoire est un monceau de clichés. Mais plutôt que de choisir la parodie, de teinter son histoire d'humour, ou de retravailler ces éternels motifs, le gars nous sert une histoire premier degré, sans une once de distance, comme s'il avait inventé l'eau tiède. Chaque épisode est d'un académisme confondant : les scènes de violence, la psychologie des personnages, les dialogues, les descriptions de paysages, tout a déjà été fait, et on se demande bien ce qui a pu motiver les éditeurs à accepter ce bouquin. Car, même au niveau de l'écriture, Gailey est pris en flagrant délit de paresse : style plat, fonctionnel, classique jusqu'au transparent. Un gros ratage qui surfe genre petit malin sur la mode du thriller à l'ancienne mais n'en retire aucune leçon. Nul.