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30 juin 2016

Le bel Antonio (Il Bell'Antonio) (1960) de Mauro Bolognini

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Le bel Antonio (l'incommensurable Marcello Mastroianni) rencontre la belle Barbara (l'immenssisime Claudia Cardinale) et tout devrait aller dans le meilleur des mondes pour ces jeunes amants beaux comme des Dieux et tendrement amoureux. Oui mais non puisque c'est encore Pasolini au scénar et que la vie n'est pas si simple : le Marcello souffre, comment dirais-je, d'un excès de platonisme et n'arrive point à bander en présence de sa douce. Elle, au départ naïve comme une branche de sapin, doit demander à la bonne comment on doit s'y prendre pour faire un enfant, l'apprend, ne pipe, dans un premier temps, mot… Pas grave donc. Seulement, la perfide, n'hésitera pas à se défaire de son « éternel amoureux » lorsqu'un autre parti plus intéressant se présentera ; comme elle a appris, en passant, que son mariage n'avait pas été consommé, plus rien ne la retient dans les bras de cet impotent... Trahison sexuelle + trahison sentimentale, la vie est dure (contrairement à) pour Marcello, les siens (l'excellentissime Pierre Brasseur en pater offusqué), dans ce monde où le romantisme et les bonnes vieilles valeurs de base n’ont plus voix au chapitre (tout poste s'obtient auprès de responsables véreux, corrompus et berlusconiens avant l'heure). Un sexe vous manque et tout est dépeuplé... Restera encore la bonne pour sauver les apparences, ou du moins ce qu'il peut en rester.

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On a bien de la peine pour notre bon Marcello qu'on avait quitté en homme à femmes dans Vertiges et que l'on retrouve ici tout contrit devant son instrument : il a beau multiplier les baisers auprès de sa douce, multiplier les attentions, faire preuve de tendresse, rien n'y fera, la Claudia (revenue très vite de son angélisme) est bien décidée à tourner la page en trouvant meilleur parti (un duc millionnaire, ça ne se refuse point). Du coup, nos attentes de voir ce petit couple parfait s'épanouir restent vaines, les scènes entre nos deux tourtereaux ne tardant pas à faire pschiiit... On se rattrape bien heureusement avec quelques séquences très enlevées ou joliment pathétiques : ainsi celle où la mère de Marcello se lance, au sein même d'une église, dans un plaidoyer pour son fils auprès de la "naïve" Claudia - petite musique doucereuse, décors propres à la réflexion et à la grandeur d'âme... Tu parles, la Claudia reste sourde comme un joli pot de fleurs et laisse la mère à sa douleur, seule sur son banc. Bolognini enchaîne avec une séquence d'anthologie avec cette fois-ci le pater, furieux et remonté comme un Jaquemart : Pierre Brasseur demande des comptes au curé sur cette fumeuse idée de "non-consommation du mariage" - le petit curé fait du mieux qu'il peut pour tenter de justifier une telle règle mais rien ne pourra calmer ce Brasseur en pleine bourre qui tente de le pousser dans ses derniers retranchements... Cette scène (catholique) pleine de bruit et de fureur contraste d'ailleurs avec celle où le Marcello finira par confesser les tourments érectiles auprès de son meilleur ami : filmée dans la pénombre, cette réelle confession à ciel ouvert est particulièrement émouvante - mais ces confidences ne semblent avoir de place au sein de l'église, totalement sourde au problème érotico-psychologique de notre bon Marcello... Derrière ce petit couple tout mignon qui se délite (la famille de Claudia et icelle ayant tôt fait de voir quel intérêt elles pouvaient tirer de cette situation), il y a une critique en creux de cette société où le sentimentalisme, la bonne foi et la sincérité n'ont plus vraiment leur place. Un Marcello, au final, trahit par sa v(i)erge dans une oeuvre tenue et teintée d'une amère ironie (et bénéficiant d'une superbe partition de Pierre Brasseur, j'insiste).

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