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13 mai 2016

Far West (Hell's Heroes) (1930) de William Wyler

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Onze ans après une version signée Ford (disparue) et dix-huit ans avant une version signée Ford (with John Wayne as one of the three Godfathers), Wyler nous livre sa propre version de la chose : un hold-up, une échappée dans le désert et, au milieu de nulle part, un bébé tombe dans les bras de nos trois cow-boys - d'une situation comique (Trois hommes et un couffin - je l'avais déjà cité à propos du Ford, me renouvelle pas...), on passe cependant rapidement à une vision tragique ; après une tempête de sable, les trois hommes n'ont en effet plus leur cheval et ne tardent pas à manquer d'eau... Leur mission est désormais claire : plutôt que de sauver sa peau avec le butin, il faut sauver le bébé à tout prix.

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Si Ford laissait la porte ouverte, d'une certaine façon, à un happy end, Wyler voit la chose de façon beaucoup plus rugueuse et ardue. Si lors du premier tiers (après un hold-up, signalons-le tout de même au passage, qui tourne mal : un mort dans chaque camp), le ton est encore bon enfant (nos trois vieux gars tout dépenaillés et hirsutes font un peu figures de pieds-nickelés : il faut les voir oindre le gamin et devenir rapidement gaga du little fellow), la dernière partie de la chose est foncièrement noire de chez noire... La première séquence vraiment cinglante a lieu lorsque l'un des hommes se sacrifie (il faut laisser un maximum d'eau pour le gamin) en décidant d'arrêter sa route au pied d'un arbre en forme de croix (sacré choix, plutôt édifiant !). A peine ses deux compagnons l'ont-ils quitté, que notre homme se loge une bastos dans la tronche : cet arrière-plan que l'on distingue à peine entre les deux hommes, au premier-plan, qui ont repris la route, est d'une violence terrible. On sent que la rigolade est définitivement terminée. La deuxième scène qui fait un petit pincement au coeur survient lorsque le deuxième compère laisse un mot dans une orthographe pour le moins hésitante : lui aussi, il veut laisser toutes les chances du côté du gamin et lui abandonne volontiers sa ration d'eau. Il se volatilise en laissant cette dernière touchante trace. Le dernier homme porte désormais sur ses épaules un terrible fardeau (le choix a été fait depuis le départ de revenir dans la ville où le hold-up a été commis : autant dire que cela sentait déjà l'impasse) : Wyler nous assomme en nous assénant un magnifique travelling sur les traces de notre homme qui se débarrasse en cours de route de tout le superflu... L'ultime choix qu'il décide de faire pour arriver à bon port laisse présager un final sec comme un coup de trique... On a beau connaître par coeur le scénar, cette évolution progressive dans l'atmosphère de cette oeuvre prend toujours à la gorge. Cela vaudrait finalement sans doute le coup de se faire la version de Richard Boleslawski qui date, elle, de 1936. En attendant, cette version de Wyler vaut vraiment le détour : après les discussions qui tournent un peu en rond entre nos trois mâles, les mots qu'ils échangent se font de plus en plus rares et se chargent forcément d'une lourde émotion. Un véritable enfer pour des héros de pacotille qui se transfigurent véritablement lors de ce chemin de croix.

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 Go old west, here

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