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24 avril 2016

L'étrange Obsession (Kagi) (1959) de Kon Ichikawa

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Ambiance morbide pour ne pas dire mortifère dans ce film "d'amour" très noir pour ne pas dire ultra caustique de l'ami Ichikawa adapté d'un bouquin de Tanizaki (non lu). Soit donc quatre personnages en quête d'amour : Kenji (Ganjirô Nakamura), qui commence à ressentir les effets de la vieillesse malgré les piquouses de vitamines qu'il s'injecte, n'arrive plus à lever popaul en présence d'Ikuko, sa femme un brin plus jeune que lui (Machiko Kyô et ses sourcils qui foutent les boules). Il se permet d'inviter chez lui le jeune aspirant docteur Kimura (Tatsuya Nakadai et son regard qui vous transperce) pour le pousser dans les bras de sa femme... Il pense qu'en attisant sa jalousie, popaul parviendra à reprendre du service. Pour compléter le carré, évoquons Toshiko (Junko Kanô), la fille de Kenji et Ikuko qui en pince pour Kimura - sans que ce dernier, d’ailleurs, soit particulièrement réceptif... Une quadrature du cercle amoureuse dont on a du mal à deviner par avance l'évolution...

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Notre gars Kenji, qui n'hésite pas à filer des photos nus de sa femme pour titiller le docteur, semble parvenir, avec ses petits jeux dangereux, à faire remonter popaul mais aussi sa tension... On sent bien qu'à chaque fois qu'il a l'occasion de triturer sa femme, il a le cœur a deux doigts d'éclater. Le vieux, dès le départ, on ne lui donne pas une éternité dans l'histoire : le dernier round de popaul risque bien de lui faire jeter définitivement l'éponge... Ikuko, qui semble prendre un malin plaisir à s'évanouir pour que son mari puisse la prendre en photos ou abuser d'elle, semble, telle une mante religieuse, prendre de plus en plus d'ascendant sur ce Kimura un peu tendre... Elle imagine très bien son mari lui pétant rapidement dans les doigts (elle se prête du coup d’autant plus volontiers à ses petits jeux érotiques) : le Kimura n'aura plus ensuite qu'à épouser leur fille pour qu'elle l'ait constamment sous la main à la casa… Maline, la vieille. Et le Kimura dans tout ça... S'il devient de plus en plus blanc à mesure que le récit avance, il n'a pas trop de mal à s'imaginer se tapant les deux générations sous le même toit. Après tout, hein, pourquoi s'enquiquiner la vie ? Reste Toshiko qui assiste à ces petites mises en scène perverses d'un oeil assez morne... Bah, si finalement tout cela lui permet de mettre le grappin sur Kimura, pourquoi chercher à s'offusquer...

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On sent qu'un climat malsain gagne de plus en plus les lieux (joli jeu sur la lumière et les recoins sombres dans ce film d'intérieur) et nos personnages, à la mine de plus en plus fantomatique, semblent résolument courir à la catastrophe... Entre l'abus d'injections vitaminées, les jeux alcoolisés et la présence de poison dans la cuisine (la servante, daltonienne, s’emmêle un peu les pinceaux entre les différents pots…), on sent que ce petit mélange est explosif : une ambiance à la Haneke avant l'heure dans cette famille nippone qui flirte avec les transgressions. Il y aurait alors comme un petit parfum de tragédie dans l'air ? Ouais, comme vous dites, sans que l'on sache d’ailleurs vraiment d'où cela va venir. Une oeuvre d'Ichikawa très vénéneuse, pour ne pas dire toxique, ou le sexe tend (...je n'allais pas passer à côté) à flirter avec le danger, voire la mort. L'ambiance est cependant un peu trop morose et délétère pour qu'on s'identifie vraiment à ces personnages qui, avec leur petit calcul personnel, ne sont guère, c'est le moins qu'on puisse dire, attachants. Sex is dead.

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