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30 octobre 2015

Collatéral (Collateral) de Michael Mann - 2004

collateral-cut

A la recherche d'un film d'action "cool" cette semaine, j'ai tenté la re-vision de ce blockbuster qui m'avait emballé à l'époque. Le résultat est tombé : il n'y a que 11 ans que ce film est sorti, et il a pourtant pris un coup derrière les oreilles qui le fait passer pour un dinosaure à l'heure qu'il est. Tout paraît daté là-dedans : le look des acteurs, Tom Cruise en tête, qui arbore une barbe hyper vintage et une coupe cheveux gris que Richard Gere aurait trouvé too much ; le scénario, très scolaire ; l'esthétique, qu'on croirait issue d'un clip de ces années-là... Tout ce qui avait paru élégant à l'époque (les plans aériens sur la ville, les longues conversations morales à l'intérieur d'un taxi, la façon de regarder la ville comme un maillage de missions à accomplir...) a depuis été copié et recopié, et il n'en reste plus grand-chose. On a bien encore une petite larme au souvenir de ce qui nous avait emballé, mais c'est une larme de nostalgie. C'est à se demander si Mann ne serait pas un peu un cinéaste "mode", peu crédible sur la longueur (je n'ai pas revu Public Enemies, par exemple, mais j'ai bien peur que l'effet soit le même).

collateral-scope

Tom Cruise (plus en retrait que d'habitude) fait le vilain et monte dans le taxi de Jamie Foxx (cabot). C'est pour l'entraîner dans une virée nocturne forcée qui le mène de meurtre en meurtre : le sieur est tueur à gages et prend le taxi-man en otage pour le conduire à ses prochains contrats. A son contact, le petit chauffeur va devoir se faire violence, se découvrir une autorité qu'il ne se connaissait pas, un courage inconnu, et traverser l'enfer. Mais curieusement, le tueur va aussi remettre en question ses convictions morales vis-à-vis de sa mère, de ses amours, de ses ambitions professionnelles, et même des fondements de ses convictions. Cruise endosse le rôle du tueur raffiné : il aime le jazz mais peut te dézinguer un musicien en une fraction de seconde, il est très soigneux mais très violent, ce genre-là. Foxx est en charge du spectateur-otage, qui regarde se dérouler le thriller devant ses yeux sans pouvoir agir. Le combat entre les deux hommes est plutôt bien dessiné, parfois physique, parfois verbal, et s'il faut trouver une grande qualité au film, elle est là : dans la façon de filmer deux manières d'être, deux symboles. Voilà pour le talent scénaristique.

Collateral-Michael-Mann

Côté mise en scène, aucun doute, c'est class, cool, jazzy, gloomy, tout ce que vous voulez. Mann n'aime rien tant que les pitites lumières qui clignotent sur les pare-brise, les boîtes de nuit, les grands buildings froids et les quartiers interlopes, et veut rendre à sa ville un côté fantasmé, rêvé, à la fois futuriste et à l'ancienne. Il y arrive, c'est vrai, mais est-ce une bonne idée ? Ça donne un aspect clinquant, trop lissé, et c'est ça qui fait clip. D'autant que les longs plans et la lenteur un peu hébétée de l'ensemble ne font rien pour gommer cet aspect. Trop de volonté de faire chic, d'épater l'amateur de nuits américaines. Bon, le final est très très joli, tout en retenue alors que le film envoie souvent du bois, et on assiste à une mort discrète dans un wagon de métro désert que n'aurait pas reniée Melville. C'était le début de ces petites caméras dont j'ignore le nom, et c'est assez couillu de la part de Mann d'avoir choisi cette technique qui "fait amateur" à l'intérieur d'un film aussi clinquant. On apprécie que Collateral ait inventé autant de choses, mais on ne peut que constater que depuis, d'autres cinéastes se sont engouffrés dans les brêches ici ouvertes, et font aujourd'hui passer ce film pour un pionnier un peu dépassé.

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Commentaires
2
C'est le film qui m'a fait honnir la vaine coolitude classy vacuito-chichiteuse et tapeuse-sur-le-système de Michael Mann.
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