Docteur X (Doctor X) (1932) de Michael Curtiz
Une petite douceur semi-fantastique et vintagement colorée signé du grand Curtiz. A la pleine, depuis six mois, un meurtre est commis par étranglement. On retrouve également sur les cadavres une marque au scalpel. L’enquête mène alors tout droit dans un centre de recherche où ce genre de scalpel est utilisé. Le professeur en charge du centre est alerté par la police et pour éviter tout scandale décide de réunir pendants 48 h les dits collègues. Il a mis au point un détecteur de palpitations qui devrait rapidement trahir le tueur. Mais plutôt que d’assister à la résolution de l’énigme lors de cette première soirée de tests, on assiste à un nouveau meurtre. Le professeur est dépité mais peut-être peut-il compter sur l’aide de sa fille (la délicieuse Fay Wray et ses grands yeux de faon) ou sur celle d’un jeune journaliste qui a décidé de s’introduire dans cette « étrange » demeure où des squelettes sont dans tous les placards.
Sans vouloir être caustique, on prend plus de plaisir à chaque apparition de Fay (la magnifique scène sur la plage avec cette luminosité et ces couleurs si particulières) que dans la résolution de l’énigme (quand le pouls augmente, un liquide rouge monte le long d’un tuyau et s’il déborde… Justement regardez… Oh mais mon Dieu, quelqu’un a éteint la lumière et un nouveau meurtre a été commis… La prochaine fois, on attachera chaque accusé sur sa chaise avec des menottes pour qu’il n’y ait pas le même bazar… Un peu poussif ; alors qu’on aurait dès le début torturé ces scientifiques peu vaillants, on aurait vite découvert le coupable). Ambiance très glauque dans cette maison dans laquelle Curtiz a un certain talent pour jouer avec les ombres (sur les visages, sur les murs) et les espaces obscurs de cette maison. Il est moins en réussite au niveau de « l’horrible masque en chair humaine » de l’assassin : la séquence est tellement poilante qu’elle m’a juste donné envie de me faire un petit steack tartare. Pas plus. Un peu de comédie avec ce journaliste maladroit, de charme avec la pré-King-Kong Fay (qui attire décidément les sales bêtes), de suspense avec ses scientifiques barbichus qui ont toujours l’air inquiet et qui assistent totalement impuissants au dénouement (forcément ils sont tous attachés les blaireaux) et encore d’action avec notre intrépide journaliste qui prend le taureau par les cornes dans le final. Un honnête Curtiz d’ambiance. Et Fay of course.