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16 août 2013

L'Histoire de Musashi Miyamoto (Miyamoto Musashi) de Kenji Mizoguchi - 1944

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Kenji s'attaque à une figure du Japon médiéval, Miyamoto Musashi, maître d'armes qui rigole quand il se brûle et prononce des sentences définitives genre "L'art du sabre ne doit pas obéir à des motivations personnelles" (on acquiesce, vue la tronche sans appel du maître). Un duo frère/soeur vient le quérir pour venger leur paternel éventré par un gang néfaste, mais comme l'art du sabre ne doit pas obéir à des motivations personnelles, le sage décide plutôt de leur apprendre la Voie, de sculpter un petit Bodisathva en bois, et de se préparer au "duel du siècle" qui devra l'opposer à un autre maître. Apprentissage marqué par des yaaaark de dépit, moments de calme au sein d'une nature à base de joncs, mais aussi meurtres brutaux et trahisons infâmes feront la marque de ce film ramassé en même pas une heure alors qu'il brasse environ 17838 évènements qui auraient fait chacun un film entier de Kurosawa.

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C'est le moins qu'on puisse dire : Mizoguchi raconte serré. Il enlève tout le gras de son scénario, ne retenant que la trame, qui suit son cours à une vitesse vertigineuse. Trois minutes après le générique, on a déjà assisté à un combat avec 40 figurants, un dialogue contradictoire, un meurtre félon et une visite du Japon de l'époque. C'est vous dire tout ce qui s'est passé une heure plus tard. Pourtant, Mizoguchi met son point d'honneur à déjouer toutes nos attentes en matière de rythmes : le duel attendu pendant tout le film sera bouclé en 5 secondes, un des personnages qu'on croyait primordiaux assassiné sans cérémonie au détour d'une scène banale, et la fin expédiée à l'arrache. Autrement dit, il réalise une sorte d'anti-film de sabre, où tous les passages obligés sont occultés et tous les passages ordinairement ennuyeux mis en valeur. Le gars, plutôt que de filmer des combats impressionnants (on sait le peu de goût de Mizo pour l'action...), préfère multiplier jusqu'à plus soif des travellings soyeux le long de sa belle nature, arrêter le temps pour fixer une posture ou un paysage, et filmer les à-côtés de son récit. Il réalise au final un film ultra-zen malgré sa vitesse d'exécution, comme si sa mise en scène obéissait elle-même aux préceptes de son héros. Le ton mélodramatique des derniers plans (cet homme qui s'éloigne de la femme, la mer qui se cogne sur les vagues) montre bien que c'est le sentiment qui intéresse notre compère, beaucoup plus que les épisodes d'une histoire que ses compatriotes doivent d'ailleurs connaître par coeur.

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Alors c'est sûr que du coup on est un peu en porte-à-faux : on n'aurait pas été contre un peu de spectaculaire, nous, ni contre assister à un duel joliment chorégraphié à la fin, ni contre une interprétation à la Toshiro Mifune pour ce personnage intéressant. Bon, on apprécie le côté sentimental, certes, mais on constate aussi que le film travaille sur un faux rythme qui lui est souvent dommageable : trop rapide pour vraiment marquer, pas assez pour vraiment captiver. On se consolera donc en admirant une fois de plus l'ampleur des mouvements de caméra et le regard toujours aussi fasciné sur la campagne japonaise. Pour le reste, personnages, trame et profondeur, on reste un peu sur sa faim.

mise sur Mizo : clique

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