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6 janvier 2013

Tabou (Tabu) (2012) de Miguel Gomes

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Voilà un film qui intrigue puis ennuie un chouille avant d'envouter. Si l'introduction fait la part belle à ce qu'un amour peut avoir de dévorant - notre ami le crocodile nous rendra visite par la suite sous différente forme -, la première partie (paradis perdu...) met en scène une femme en proie à toute sorte de désillusion, terriblement seule malgré elle (cette jeune Polonaise qui lui ment pour ne pas habiter chez elle et, plus grave, cet amant barbu plus mou qu'une chique) : il n'y a qu'à travers le cinéma qu'elle semble pouvoir expérimenter toute la passion qui manque à sa vie ou par l'histoire (de cinéma... en un sens) que lui contera ce vieil homme après le décès d'une énigmatique voisine ; toute la seconde partie du film se voit alors quasiment désossé de tout dialogue, Gomes se contentant le plus souvent des bruits de la nature, de chansons sixties "immortelles", d'une voix off qui, pleine de nostalgie, narre une véritable passion amoureuse... En filmant ces danses traditionnelles africaine, ce travail dans les champs (on n'est pas si loin d'un Kalatozov à Cuba) et surtout ces deux amoureux adultères (elle est mariée, il fut dragueur mais rencontre enfin sa moitié), Gomes tend à retrouver une sorte d'atmosphère (cinématographique, murnauesque...) originelle et nous chavire le coeur avec cette passion interdite... Parce que c'était lui, parce que c'était elle, c'est simple comme bonjour, il suffira non pas d'un cygne mais d'un crocodile pour tisser le lien entre ces deux êtres faits résolument l'un pour l'autre... Mais elle a un compagnon, mais elle est enceinte, et l'on sent inexorablement poindre le drame... 

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Si la première partie est bavarde, terre à terre, tristoune, plate, la seconde est résolument aérienne, tout en regards échangés qui en disent long, lyrique, "accidentée"... Des corps qui se lient sous une moustiquaire, un simple travelling pour suivre nos amants traçant leur voie dans la savane, des attitudes en société difficiles à contrôler pour ne pas être pris en flagrant délit d'amour (magnifique scène que celle où nos deux tourteraux, lors de cette fête, se retrouvent côte-à-côte  et n'osent croiser leur regard plus d'un dixième de seconde pour ne pas trahir au grand jour ce qui les unit de façon fusionnelle) et une fuite en avant qui ne peut finir qu'en marasme, une passion dévorante destinée à être happé par l'un de ces crocodiles les yeux toujours aux aguets dans son marais ; l'histoire est sur le fond on ne peut plus classique - la femme, l'amant, le mari trompé aveugle, l'ami mis au secret qui tente de s'interposer - mais Gomes filme tout cela avec une "jeunesse", une simplicité apparente qui finit par tout emporter sur son chemin. La passion est forcément tabou (dans le sens où l'on ne peut la partager avec quiconque, la faire comprendre, la raisonner...), ne peut durer qu'un temps, se désintégrer ? Qu'à cela ne tienne tant Gomes parvient à montrer son incandescence, tout en parvenant à rendre un hommage pudique aux premiers temps du septième art. Envoutant disais-je.

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Commentaires
M
Elle est belle ta critique. Je viens de visionner le film, et si je me suis carrément fait ch...ds la première partie, et que j'ai pouffé une ou deux fois au début de la seconde , à cause du côté "Tintin au Congo", j'ai fini comme tu le dis...envoûtée
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