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27 août 2012

Mauvaise Graine de Billy Wilder - 1934

vlcsnap-2012-08-27-16h13m55s211Premier film de Wilder, qui est aussi son seul film français, oui c'est rare. On est vraiment loin de ses futurs chefs-d'oeuvre, il faut le dire, et là où il excellera par la suite (l'écriture, l'humour, l'élégance de la mise en scène), il se vautre ici dans la maladresse la plus totale. Le scénario est indigent et super mal équilibré. Il s'agit d'un jeune gars entraîné sur la mauvaise pente à cause de sa passion pour les bagnoles. Engagé par une troupe de malfrats voleurs de caisses, il frôlera la mort et retournera dans le droit chemin sous le regard sévère de papa et les yeux énamourées de sa gorette (une Danielle Darrieux de 17 ans toute mimi avec ses regards par en-dessous). Pourquoi pas, me direz-vous, sauf que là, il n'y a vraiment rien à se mettre sous la dent au niveau de la trame : tout est attendu, jamais tendu, jamais surprenant, et les scènes de dialogues sont déspérément plates. On sent pourtant que Wilder a voulu faire du gag, épaissir un peu des personnages palots. La bande de voleurs se veut poilante, entre le gars qui picore sans arrêt des cacahuètes, le gars qui ne peut pas s'empêcher de piquer des cravates, le gars qui ramène toujours des bagnoles pas possibles ou le gars qui est noir donc rigolo sans rien faire (on est en 1934, hein). Mais les acteurs sont nuls, les scènes mal rythmées, et ça s'enfonce dans la torpeur. Cousue de fil blanc, cette histoire ne mène nulle part et sent le baclage à tous les étages.

vlcsnap-2012-08-27-16h33m09s233Il reste la mise en scène, qui est souvent pas mal. Les poursuites en bagnole, surtout, valent leur pesant d'huile de moteur. Elles sont même relativement réalistes, puisque Wilder n'utilise pas de transparences, et mène ces poursuites dans la ville, in situ, ajoutant une touche de véracité (et de danger) à ces scènes. Très joliment montées pour le coup, avec de très courts plans qui s'accélèrent de plus en plus, elles donnent lieu à quelques séquences vraiment impeccables : une poursuite entre flics et voyous, ceux-ci montés à bord d'une voiture dont un essieu a été scié, et c'est une succession échevelée de plans secs, qui épousent la (joyeuse) musique de Waxman et laissent venir un vrai suspense (beaucoup aimé surtout ces quelques plans de phares qui trouent la nuit, balayant les arbres, montés sur de grands coups de violons, c'est parfait). Wilder est presque dans l'école néo-réaliste italienne, voire dans une pré-Nouvelle-Vague, avec ces cadres pris directement dans la ville, où les voitures sillonnent Paris au milieu des gens, ou avec ces très beaux cadres sur la fin où les héros, embarqués sur une charette, contemplent longuement Marseille comme si le film s'offrait une parenthèse purement documentaire. N'exagérons pas : Mauvaise Graine reste très dispensable, malgré l'indéniable talent de rythme et de mise en scène. Pour les beaux yeux de Danielle, au moins.

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