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Shangols
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19 avril 2012

LIVRE : En l'Absence de classement final de Tristan Garcia - 2012

garciaProjet ambitieux, résultat décevant pour le nouveau bouquin de Tristan Garcia. Il y avait pourtant matière à réfléchir là-dedans : les 30 nouvelles de ce livre tentent de définir la nature du sport contemporain, traversant tour à tour toutes les déviances et ambiguïtés de la discipline. Dopage, esclavagisme, déification des corps, compétition effrénée, liens politiques troubles, chaque texte aborde un sport différent et une tare différente. Avec comme point de mire : la mondialisation, c'est-à-dire en quoi le sport moderne a petit à petit défini la globalisation des esthétiques, des sensations, des corps, en développant un assentiment consensuel des "valeurs du sport", entendez une nouvelle forme de fascisme reposant sur la compétition et la glorification de la gagne, de la beauté et de l'argent. On le voit, le sujet est vaste et passionnant (sans parler que ça fera peut-être décoller Shang de son écran plasma géant dès qu'une compétition de foot ou de curling est annoncée). On jubile parfois, ça et là, quand on se rend compte que Garcia touche juste, en développant un petit personnage gentiment symbolique (athlètes issus des pays pauvres et complètement formatés au monde moderne, jeunes nageuses déjà asservies au système, sauteurs obsédés par leurs exploits passés qu'ils n'arrivent pas à réitérer...), en écrivant simplement de petites histoires pour mieux dévoiler des horreurs beaucoup plus vastes (l'histoire de ce "lièvre" qui a outrepassé ses fonctions et à qui on brise les tibias est la plus impressionnante).

Mais dans l'ensemble, on regrette la superficialité de ces textes, qui ne se donnent jamais les moyens de leurs ambitions. Tout reste feutré, gentillet presque, et Garcia ne tente jamais la violence, comme s'il avait peur d'appeler un chat un chat. Ces histoires sont sympathiques, certes, mais sur un tel sujet, on aurait préféré un vrai essai, ou alors un style un peu plus couillu. Les seuls textes vraiment efficaces sont ceux où la théorie se fait enfin une place dans la mignonne allégorie, comme ce prof de fac qui parle longuement de la "fascisation" du sport ; ceux qui restent dans l'anecdote manquent vraiment d'ampleur. Or c'est le cas la plupart du temps. Elle reste à écrire, cette fiction qui irait enfin à l'encontre de la sacro-sainte déification du sport. Garcia a fait un premier pas, mais il est bien timide. D'autant que l'écriture est diablement plate et sans saveur. On cherche l'auteur intrigant de La meilleure part des Hommes, et on tombe sur une écriture de garçon sage qui raconte des histoires avec début, milieu et fin, poliment et sans audace. Raté, donc, on peut le dire.

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