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7 février 2012

L'Ange bleu (Der Blaue Engel) (1930) de Josef von Sternberg

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De professeur autoritaire à clown triste, il n'y a qu'un pas surtout quand l'amour (benêt) et la trahison passe par là. L'Ange bleu apparaît plus comme l'histoire d'une déchéance, d'une chute, oui, plutôt qu'une œuvre entièrement dédiée aux charmes de la Dietrich - des chansons en boucle où la Belle expose ses gambettes, bon... Le petit canari (intérieur) de l'énorme Emil Jannings est mort, il recommencera à chanter quand l'Emil se réveillera dans la chambre de Dietrich. Emil se fait coq (terrible scène comico-pathétique du mariage avec notre Emil tout sourire auprès de sa jeune mariée tenant dans sa main deux œufs) puis coq en pâte rapidement asservi (il suit les numéros de sa dulcinée après avoir été renvoyé de son taff : sublime travelling arrière, rendant parfaitement son isolement dans cette salle de classe, qui trouvera un écho dans la scène final), puis coq cocu et enfin coq humilié (les deux œufs que le présentateur-magicien lui écrase sur le crâne lors du spectacle - j'y verrai bien une métaphore...) : l'Emil lancera un dernier cocorico entre rage et folie douce avant de retourner dans la salle de classe et de s'effondrer sur son ancien bureau - mort. Jannings est absolument fabuleux de bout en bout, qu'il s'agisse de jouer les pères fouettards auprès de ses étudiants, de violemment tancer les admirateurs de sa Lola-Lola, de roucouler auprès de celle-ci ou encore de faire une tronche de misérable dans le pire déguisement d'Auguste de tous les temps...

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C'est par des ruelles sombres où les maisons ont des toits tout biscornus et ou traîne forcément un chat noir que Jannings accède à ce cabaret de troisième zone : de grosses dodons buvant moult bières sur scène pendant que les clients commandent en salle du pâté - so raffiné ! - font entendre poussivement leurs chansonnettes pendant que le décor se barre en quenelle. On est dans la grande classe et le Jannings à la recherche de ses étudiants de se sentir aussi à l'étroit dans ce bouge qu'un éléphant dans la Forêt Noir... Mais les sourires et la tenue légère de la Marlène ne vont pas tarder à le scotcher et notre champion de la maladresse se déridera. Il y a comme un ptit goût de reviens-y chez cette femme de petite vertu qui n'aura po grand chose à faire pour prendre le dessus sur notre intellectuel empoté (la scène où Marlène lui demande un baiser alors qu'il n'y a plus que la tête de l'Emil qui émerge des escaliers...). Il y a en ce triste destin comme les signes avant-coureurs (je mets ma main au feu que l'Allemagne va mal à cette époque... Quoi ?) de la décadence de tout un pays (je prend po de risque, certes)... La lumière de la lampe de poche du gardien de l'école permettra de faire une dernière "poursuite" sur notre professeur déchu qui tentera de retrouver un semblant de dignité lors de son dernier "numéro" - rigor mortis, l'Emil ne faisant plus qu'un avec son bureau. Angel's blues... Un classique du grand Josef.

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