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2 juillet 2011

La Garce (Beyond the Forest) (1949) de King Vidor

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Bette Davis s'est fait tatouer "Bitch" sur le coeur et le pauvre Joseph Cotten va en faire les frais... Dès le texte liminaire, on nous prévient que l'on fera connaissance avec une créature diabolique : Bette is Rosa Moline - une femme toujours insatisfaite (son docteur de mari ne roule pas sur l'or et a l'air de prendre plus plaisir à titiller la truite que sa femme (on compatit)), plus vénale qu'un joueur de football ou qu'une femme de chambre au Sofitel, une gaaaaaaaaaarrrrrrrce comme jamais vous en avez rêvée. C'est parti pour quatre-vingt-dix minutes d'un petit numéro bettedavisien avec vannes qui fusent, roulement d'yeux et gros soupirs pour montrer son désespoir, œillade coquine en position horizontale alanguie pour charmer le richard du coin (David Brian, dont on se demande bien ce qu'il peut lui trouver, si ce n'est qu'elle est aussi vulgaire qu'un billet de banque). King Vindor n'est pas du genre à faire dans la dentelle pour enfoncer le clou : la Bette est cadrée avec en fond la grosse cheminée (attention...) d'un incinérateur (ouais, elle est infernale, je l'avais deviné), la tonitruante musique d'un Max Steiner vraiment lourdaud vient constamment dramatiser les apparitions de la Bette, et absolument rien, quoiqu'elle fasse, ne nous la montre sous un jour favorable : elle met la main sur un manteau en fourrure et vas-y que je me regarde en rougissant dans la glace (le jour où je commence à faire cela, vous me dites de prendre des vacances, promis ?) ; à la moindre occase, lorsque sa petite personnalité est offusquée, elle se met à claironner fièrement son nom (I'm Rosa Moline, not n'importe qui tout de même !) ; elle se retrouve enceinte et vas-y que je me rend... chez un "avocat" pour qu'il supprime le truc (ouais, ça c'est à cause de la censure, mais on comprend bien le message du King, marche) : ne pouvant mener à bien cette opération, elle fait un méga roulé-boulé dans une pente en bord de route ; et lorsque quelqu'un vient contrecarrer ses plans, elle lui tire dessus comme un lapin (le film commence d'ailleurs par son procès avant d'entamer un long flash-back). Bouh la méchante.

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C'est dingue, cette capacité qu'a la Bette de jouer des rôles de sorcière féminine que n'importe qui dans la salle (bon là on était un, ça ne compte pas) finit par haïr. La Bette, lors d'un petit passage champêtre qui donne son titre au film (une des rares fois où elle ne saute pas à la gueule de ce pauvre Cotten), se demande philosophiquement (...) si les arbres que les bûcherons vient de marquer d'un coup de hache savent qu'ils vont mourir... Son mari tente un petit parallèle futé avec les hommes et l'on sent une ombre menaçante planer sur l'avenir de notre Bette : ouais, on savait dès le départ qu'elle était mauvaise pour ne pas dire maudite, on ne serait point surpris de la voir finalement crever non point comme un chêne mais plutôt comme une hyène... Un peu facile, me direz-vous, je ne vais pas vous contredire sur ce coup... En dehors de la Bette sur laquelle se concentrent tous les regards (chaque fois qu'elle se promène en ville, c'est le spectacle du jour), on ne peut pas dire que les autres personnages soient vraiment développés : les deux rôles masculins principaux (Cotten et Brian) sont dessinés à gros traits (la chique et le rouleur de mécanique), la servante indienne (et achement sauvage, dis donc la petite sauvageonne) de Bette ne sert finalement pas à grand-chose, quant à l'autre donzelle (Ruth Roman, la gentille fille, tout le contraire de notre héroïne, ça alors !), il semble que Vidor n'ait pas vraiment su quoi en faire... Bref, ça se regarde tranquille en sachant que la Bette ne va pas finir chez les Amish, au delà de la forêt, pardon, au delà de ça, on ne peut point dire qu'on soit non plus véritablement scotché par cette œuvre noire du Vidor...

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Commentaires
F
Ce bébé à naître m'a beaucoup intrigué, naïf et ignorant que je suis, et votre article vient de m'éclairer. Si l'on prend en compte la censure de l'époque, on voit clair derrière la forêt. On comprend pourquoi le bon mari médecin est accoucheur généreux par opposition à sa destructrice égoïste d'épouse. Bette Davis est "trop". Comme épouvantable garce et surtout sex-symbol, Gene Tierney est meilleure dans "Péché mortel".
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