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21 mars 2011

Jezabel (Another Man’s Poison) (1951) d'Irving Rapper

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Un rôle taillé sur mesure pour la poisonous Bette Davis qui, dans cette adaptation d'une pièce de théâtre, peut montrer toute l'étendue de son talent : séductrice, manipulatrice, caustique, maline, une parfaite femme fatale diabolique dont le rire sardonique résonne jusqu'à la conclusion - terrible dernier plan soit dit en passant... Irving Rapper tente de faire ce qu'il peut pour nous faire oublier bon an mal an les ficelles de la pièce - belle variation des angles de prise de vue qui nous font découvrir ce manoir inquiétant sous toutes ses coutures, (timides) échappées belles hors de cette antre lorsque la Bette s’adonne à sa passion, le cheval... en revanche les entrées et les sorties des personnages sur le "set" sont un peu moins finaudes - et peut compter sur une intrigue suffisamment retorse et des dialogues relativement saignants pour qu'on se laisse prendre au jeu. Les coups de théâtre sont généralement bien amenés - la façon terriblement nonchalante avec laquelle Bette Davis annonce, d'entrée de jeu, qu'elle a tué son mari... - et même si le film baisse un peu d'intensité une fois que tous les personnages nous ont été présentés, le final est suffisamment noir pour que le film parvienne à faire son petit trou dans le genre.

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Il est vrai que la situation de départ est relativement caustique en soi. Bette Davis, écrivaine de polar a succès, se prépare à passer une soirée agitée : elle a un cadavre sur les bras - son mari, de retour après de longues années, a tenté de la faire chanter : le type, empoisonné, fait depuis quelques heures beaucoup moins le malin -, elle reçoit la visite inopportune d'un comparse de son mari - Garry Merril (il est en fuite après avoir réalisé le braquage d'une banque, hold-up durant lequel le mari a flingué un flic) et doit en plus gérer l'arrivée de son amant qui surgit avec sa fiancée - la propre secrétaire de Bette... Sacrée soirée, oui. Le gars Garry, qui cherche à assurer ses arrières, jette le cadavre du mari dans un lac et décide de se faire passer, dorénavant, pour le véritable mari de Bette (ouah l'embrouille). Cette alliance d'un loup aux abois avec une louve perfide pourrait faire son chemin... Mais la Bette n'est pas du genre à faire des concessions : elle veut le beurre (passer pour innocente), l'argent du beurre (se mettre à la colle avec son amant) et tuer la crémière (se débarrasser à la moindre occasion du Garry). Un peu gourmande, l'enfant, mais suffisamment ingénieuse pour rouler tout son monde dans la farine. Forcément la situation devient vite tendue dans le manoir - entre le faux mari et le vrai amant notamment -, d'autant que les visites s'enchaînent : un vétérinaire fouineur qui connaît par coeur les livres de la Bette, le président d'une petite association locale particulièrement insistant pour que le prétendu mari parle de ses voyages (il est censé revenir de "Malaya")... Notre Garry perd peu à peu les pédales alors que la Bette fait preuve d'un sang froid hallucinant. Quand celui-là, par exemple, flingue le cheval de celle-ci (son seul véritable confident...), il met la Bette en "furie" (le nom du cheval justement...): la vengeance s'annonce terrible...

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Bette Davis se régale, passant en un clin d'oeil du flegme à la colère, de la colère à la séduction, de la séduction à l'effroi, de l'effroi au rire. Même lorsqu'elle est au bord du gouffre, elle puise dans ses réserves pour sortir de son chapeau - ou de son coffre-fort - une ultime entourloupe, ponctuant toujours de son rire infernal ses répliques (quand elle se moque de l'amour de son amant pour sa secrétaire) ou ses plans (le Gary ne sait pas vraiment où il a mis les pieds...) les plus cruels. La mise en scène de Rapper n'a rien d'extraordinaire en soi mais il fait gentiment son taff pour que sa vedette brille de tout ses feux (feu-mari, etc...). Belle prestation de la Davis dans une intrigue joliment vicieuse. Deux têtes de mort, cela me paraît honnête.

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noir c'est noir, c'est

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