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1 juillet 2010

Conte de Printemps d'Eric Rohmer - 1990

vlcsnap_2010_07_01_10h39m00s66La frontière entre petite chose attachante et grand moment de vide est ténue dans le cinéma de Rohmer, et malheureusement Conte de Printemps appartient nettement à la deuxième catégorie. Je ne saurai pas vraiment vous dire pourquoi, mais autant je peux m'enthousiasmer sur la séquence de cuisson des côtelettes dans Le Rayon vert, autant j'ai trouvé cette très longue variation sur les sentiments d'un ennui total. Ce sont peut-être les acteurs qui donnent cette impression : poussé à son extrême, le système Rohmer pour ce qui est de leur direction aboutit ici à un jeu faux, précieux, trop distancé pour qu'on croit une seule seconde à l'épaisseur de ces personnages. Au mieux sans intérêt (Anne Teyssèdre, fade), au pire crispantes (Florence Darel en cliché de jeune fille boudeuse), les actrices peinent à faire sortir le film du simple marivaudage poussif, et pour cette fois, ça ne marche pas. Quester amène heureusement une part de poésie étrange dans le casting, il est le seul de la bande à avoir choppé ce style rohmerien qui mélange théâtralité et réalisme, artifice et sincérité.

vlcsnap_2010_07_01_11h27m31s246Comme c'est quand même du Rohmer, il y a de belles idées de temps en temps dans ce film. Notamment toutes les variations sur la thématique du territoire, chère au père Eric depuis longtemps. Il est question dans Conte de Printemps d'appartements occupés, de gens délogés de leur univers, d'invasion des territoires par des "étrangers". Les agissements des personnages semblent tous tendre vers des questionnements géographiques : qui n'est pas à sa place ? qui empiète sur le territoire de qui ? où sont les frontières qui délimitent chaque intimité. Bien sûr, ce questionnement physique, qui passe par une grande rigueur de cadre quand il s'agit de fixer les décors, se prolonge psychologiquement en une sorte de ballet sentimental, où chacun pénètre dans l'univers des autres avec plus ou moins de bonheur. C'est la vraie bonne idée du film, qui permet d'admirer quelques très jolis plans sur la campagne ou sur les intérieurs parisiens bourgeois. L'esthétique générale, printanière donc, tend vers la floraison, dirais-je, puisque les arrière-plans sont toujours envahis par les fleurs, qu'elles soient réelles ou factices (jolie manière de recadrer sans arrêt l'héroïne à l'intérieur des tableaux floraux qui l'entourent).

vlcsnap_2010_07_01_09h46m45s203Mais cette mise en scène parfois intéressante ne parvient pas à faire oublier ces sempiternels dialogues terriblement plats, ces vaines hésitations sentimentales (pas vraiment l'amour cette fois, plutôt l'amitié, la "sororité", la paternité, et les rapports de générations), ce marivaudage réduit à une poignée de personnages peu intéressants. Le film aurait mérité un contre-point urbain, à mon avis, quelque chose qui le fasse sortir de ce simple portrait de groupe pas captivant. Mais dès le premier plan (une façade de lycée, qui sera la seule occurence "extérieure" de l'histoire), Rohmer s'enferme dans un huis-clos à ciel ouvert qui ne fonctionne jamais vraiment. Pour tout dire, on se fout un peu de ce qui peut bien arriver à ces petits-bourgeois démodés. Quant au "conte" du titre, on le cherche vainement. Vivement l'été.

L'odyssée rhomérique est

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