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GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
5 avril 2010

La Mort du jeune Aviateur anglais / Ecrire (1993) de Benoît Jacquot

3346030021316Même si j'ai pris les choses un peu à l'envers (les texte de Duras venant après la réalisation de ces deux films), cela m'a permis d'être d'autant plus sensible aux paroles de Duras lorsqu'elle parle, avec émotion, - sans penser être justement un jour capable d'écrire ce "récit" ou comme elle le précise "ce fait" - de ce jeune aviateur anglais et de ce que cela convoque comme souvenirs, comme réflexions chez elle ou du "processus" de l'écriture, de l'ambiance propice à la création, dans sa maison de Neaulphe-le-Château. Il est forcément touchant de la voir soudainement émue, par ses propres paroles, quand elle évoque l'âge de cet aviateur - "20 ans" - ou lorsqu'elle s'essaie à définir son travail : "écrire, c'est la nuit". Le premier film de Jacquot sur l'histoire de cet aviateur permet, certes, de visualiser les lieux, mais surtout de voir à quel point Duras tente de chercher un sens à ce qui a pu autant l'émouvoir dans cette histoire; elle parle dans un premier temps de la mort de son jeune frère, Paulo, tombé face aux Japonais, puis évoque progressivement d'autres thématiques : celle de la mort, forcément, mais aussi, de façon émouvante, de la réaction qu'elle qualifie de proprement "révolutionnaire" des habitants de ce village : leur volonté de placer cette tombe dans ce jardin, en dehors du cimetière des "riches", ou encore cette façon d'avoir voulu créer une sorte de "culte" totalement indépendant d'une religion quelconque. Si à la base de toute écriture, il y a pour elle, forcément, une émotion violente, son témoignage sur cet événement extraordinairement marquant dans sa vie constitue un bel exemple. Dans le second docu, elle tente de définir l'étrange et profonde solitude ressentie en ce lieu, véritable moteur de son écriture; elle souligne par ailleurs les risques que, d'après elle, tout écrivain se doit de prendre pour composer un livre, n'hésitant point à qualifier d'oeuvres "hygiéniques" une bonne partie de la production littéraire - paroles faisant comme un écho à ce qu'elle disait à propos du nouveau cimetière dans le village de Vauville, un cimetière aux allures de "Prisunic". Toujours à la recherche du mot juste, énonçant déjà la plupart des formules marquantes et lapidaires qu'on retrouvera dans ses deux textes, Duras tente de décrire simplement, lors de ces deux volets, d'une part une émotion très "personnelle", presque viscérale, ainsi que ses états d'âme précédant l'écriture : une belle fenêtre, au final, sur le processus créatif.

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