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Shangols
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GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
16 novembre 2022

Rome, Ville ouverte (Roma, città aperta) (1945) de Roberto Rossellini

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Film qui monte progressivement en intensité avec un trio de personnages dont la fin tragique est définitivement inoubliable. Des histoires d'amour qui finissent mal en général, des enfants aussi intrépides que des résistants, un personnage de prêtre (Aldo Fabrizi magnifique), toujours prêt à agir pour la cause et qui ballade sa silhouette débonnaire avant de mourir avec une dignité immense. Rossellini, après une première partie qui multiplie un peu les pistes, mais qui se termine avec une séquence pleine de suspense, mêlant avec art élément comique (le prêtre qui assomme avec une poêle le vieux soi-disant mourant) et tragique - rah la mort de la Magnani, terrible -, se focalise notamment dans la seconde sur ces héros qui "résistent" dans tous les sens du terme; l'interrogatoire mené par le Major Bergmann (Harry Feist, un type qui vous veut du mal et qu'on aimerait pas croiser dans l'ascenseur) est impressionnant d'acharnement, clouant le spectateur sur son siège.

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Si la première partie laisse exsangue après l'incroyable numéro de la Magnani et la figure de ce prêtre qui fait tout pour cacher les armes détenues par... une bande de gamins, la seconde partie avec cette femme livide qui vend son amant contre un manteau de fourrure et sa dose de cocaïne et ce Major allemand, convaincu de la supériorité de sa "lignée" et prêt à toutes les cruautés, vous laisse tout brinquebalant. Difficile de se défaire de cette véritable figure christique de "l'ingénieur" Manfredi qui souffre littéralement le martyr pour protéger un réseau de généraux résistants, et cette façon dont le prêtre se rend à son rendez-vous avec la mort sans jamais se départir de sa foi. Les plans sur les visages de ces gamins assistant à sa mise à mort derrière un grillage sont d'une force sidérante. Le film de Guédiguian ne pèse décidément pas lourd en comparaison (mouais, je vais faire une pause sur la seconde guerre mondiale). De la vivacité de ce bambin que le cinéaste capte à la perfection à la verve de la Magnani en passant par ces magnifiques héros de l'ombre qui tentent tant bien que mal d'échapper à leur bourreau, on sent tout le coeur de cette ville qui bat alors même que la mort plane sur le destin de ces personnages principaux. Difficile à partir de là de broder sur cette oeuvre de Rossellini tant elle finit par prendre à la gorge, le cinéaste rendant hommage avec une incroyable et rare intensité aux actes de résistance en tout genre. Le film, rénové à la perfection par la collection Criterion, fait partie de ces oeuvres dont certaines images restent pour toujours gravées dans votre disque dur sensoriel cinéphilique. Je m'en remets à peine et vais laisser quelques jours avant de m'attaquer vaillamment à Paisà.   (Shang - 31/01/10)

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Je me retrouve dans le même état que mon camarade à la revoyure de ce film qui définit la notion d'humanité. Rossellini s’intéresse à l'Humain dans toutes ses nuances, aussi bien aux monstres qu'aux héros, aux minables qu'aux grandioses. Cette pâte humaine donne le film le plus beau de tous : autour de cette poignée de personnages, tous magnifiques (y compris les salauds), toute une ville est dessinée, et avec elle toute une notion du courage et du dévouement. Ce petit peuple de Rome s'organise autour de l’envahisseur, et fait preuve de courage chacun avec sa méthode, de la mère offensée et râleuse au cureton plein d'abnégation, du résistant pur et dur au gamin valeureux. D'une noblesse ravageuse, d'une justesse de chaque plan, Rome, Ville ouverte est le film le plus digne que j'ai pu voir sur cette époque. Difficile effectivement d'oublier ces plans dotés d'une telle puissance visuelle qu'ils vous rentrent immédiatement dans le cerveau et y restent pour toujours (Godard l'a bien saisi, qui utilise plusieurs plans du film dans Histoire(s) du cinéma entre autres). Mais cette ode au courage et à la résistance cache aussi en son sein un autre thème attachant : celui du mysticisme, de la foi catholique, avec ce goût déclaré pour le martyr, pour le sacrifice, avec cette façon de placer toujours les actes de bravoure des personnages sous le signe de la Croix et de l’Église. Vous avez donc là un exemple de cinéma italien 100% pur jus (de tomate) : religion, courage, humanisme, le tout sous couvert de néo-réalisme, mouvement qui prenait là son premier souffle. En tout cas, en 1945 soit quelques mois après les événements décrits, voilà le film le plus digne, le plus brave et le plus beau de la terre.   (Gols - 16/11/22)

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