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28 novembre 2009

Ce Répondeur ne prend pas de message d'Alain Cavalier - 1979

2005_1112_repondeurGVoilà une oeuvre qu'on peut qualifier de radicale. C'est une sorte de préparation à tous les films intimistes de la dernière époque de Cavalier, mais qui s'apparente plus ici à une installation plastique qu'à une tentative de filmer le réel. Un homme est enfermé dans son appartement. On découvre par longs plans fixes tout l'univers qui l'entoure, des plus petits objets (boîtes d'alumettes dont il lit longuement la description, cuvette des toilettes, bibelots, dessins d'enfants) aux plus chargés (des photos d'archive sur des terroristes exécutés, des bouts de super-8). En creux se dessine une absence, celle d'une femme qui est partie, ou morte, on ne sait pas bien. L'homme décide alors de repeindre tout son appartement en noir, s'effaçant progressivement de l'image jusqu'à l'obscurité complète.

M'est avis que Cavalier n'était pas en grande forme durant ces journées de 79 où il filmât Ce Répondeur ne prend pas de message. Le film est une longue enfoncée dans les ténèbres, qui conserve une part de mystère complet. Onrepondeur2 ne saura pas grand-chose de la vie de cet homme, mais on sent en tout cas avec force la part d'autobiographie qu'il y a dans ces plans austères et froids. Cavalier semble vouloir exprimer ce qu'il y a au plus profond de lui, à savoir du noir, de la solitude, de la destruction, mettre en images son univers mental. La plupart des actes qu'il commet demeure opaque : pourquoi casse-t-il une chaise ? Que vient-il faire lors de cette brêve incursion dehors ? Qui est réellement cette femme dont on entend quelques réminiscences à travers la voix off de l'auteur (lettre, liste de courses) ? On ne le saura pas ; tout ce qu'on voit, c'est un homme déprimé qui tente de mettre en images son désespoir. Comme il l'écrit dans le petit livret joint au dvd, le film est "le plus long fondu au noir de l'Histoire" : l'écran, et avec lui l'univers, est peu à peu englouti par la tristesse, et tout se délite de plus en plus jusqu'à la fin. On a vu plus comique, certes; mais plus rigoureux, je me demande. Absolument privé de sortie ou de respiration, cet essai malaisé est un portrait ultime d'un malheur. Il n'en reste pas moins souvent beau, grâce à la science du cadre imparable du gusse, qui sait rendre intrigante la fissure d'un mur ou une feuille blanche. Expérimental, souvent difficile, mais nécessaire.

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