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18 juin 2009

Numéros Zéro de Raymond Depardon - 1977

numeros_zero_4En plein dans son style "je prends sur le vif et advienne que pourra", Raymond Depardon s'imisce dans ce film au sein de la rédaction du Matin de Paris, journal qui doit voir le jour sous la direction de quelques intellectuels de gauche. Discussions sur la mise en page, choix des sujets, problèmes de publicité, difficulté à tenir compte de l'évènement en direct, réflexions sur le style d'écriture à adopter, rien n'est laissé dans l'ombre. Au milieu de cette énergie étouffante, au sein de cette collectivité au travail, le gars Raymond saisit au vol des bribes de vie qui dessinent petit à petit les milliers de décisions à prendre pour mener à bien le projet pharaonique de la transmission de l'info.

On ne va pas se le cacher : en 1977, Depardon n'est pas encore Depardon, et on cherchera en vain la rigueur caractéristique de ses films futurs. Le film est très intéressant, aucun doute, pour se rendre compte numeros_zero_1de ce que c'est que sortir un journal ; mais il est aussi relativement banal dans son filmage. C'est de la prise directe, avec quantité de recadrages à l'arrache pour saisir le détail qu'il faut, avec une urgence très "reporter" dans cette façon d'être toujours au milieu de l'endroit où ça se passe. Numéros Zéro ressemble beaucoup à ces dizaines de reportages "infiltrés" qu'on voit aujourd'hui à la télé, ni plus ni moins. On admire la façon dont Depardon arrive à capter les choses jusqu'à se fondre dans le décor, on applaudit à sa façon de rendre compte d'une époque et d'une pensée en train de naître, on est passionné par ces débats idéologiques sur la place à accorder à telle ou telle info ou sur le choix des mots pour un gros titre. Mais on se dit en même temps qu'on n'est pas dans la rigueur esthétique que Depardon trouvera par la suite. le film est attachant, mais pas vraiment pensé.

numeros_zero_3Reste une grande qualité : celle de parvenir à rendre compte d'un monde extérieur bouillonnant alors même que la caméra reste du début à la fin enfermée dans les quatre murs de la rédaction. Ces bureaux sont comme une caisse de résonnance des troubles du monde, et le film parvient à le montrer sans se départir d'un dispositif très simple. C'est sûrement ça, un comité de rédaction : des gens enfermés en prise directe avec le monde, recevant les nouvelles de l'extérieur (nombreuses occurences des moyens de communication, télé, radio, journaux, téléphones) et sachant réagir au quart de tour. Une aventure collective bien captée par Depardon, qui n'est pas encore "metteur en scène" mais déjà à la juste place par rapport aux évènements.

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