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28 avril 2009

Il va pleuvoir sur Conakry de Cheick Fantamady Camara - 2007

3413929988Un bien beau film guinéen et un bien beau film tout court que ce Il va pleuvoir sur Conakry : il renvoie tranquillement à leurs études tous les tenants d'un cinéma mondialiste arriéré et montre avec éclat que le cinéma africain peut désormais tenir sa place dans la production contemporaine. Camara s'amuse d'ailleurs pas mal avec cette tendance à enfermer le cinéma national dans la tradition et les valeurs du passé. Son film parle de celles-ci, mais leur oppose avec un grand rire des éléments modernes qui les envoient brillament dans les cordes.

A priori, rien de bien nouveau : les rapports douloureux entre un jeune homme, caricaturiste pour un journal, amoureux d'une petite bombe black, et son père, imam hyper-traditionnel qui rêve de faire de son fils le digne successeur de son austérité. C'est le combat déjà vu entre modernité et conakry2tradition, entre superstition et technique, entre passé et présent. Mais Camara filme ça avec une belle franchise, multipliant les motifs contemporains pour mieux fustiger les vieilles traditions : échographie, ordinateurs, dessins insolents, jeunes filles éclatantes d'insoumission, musique r'n'b, langage peu châtié, baisers coquins, scènes de sexe, tout y est pour pulvériser les clichés de ce cinéma, que Camara traite comme une chose d'aujourd'hui servant à dire des choses d'aujourd'hui.

La lutte est très joliment filmée, celle entre les générations, entre les sexes, entre les religions, entre les pouvoirs (presse, politique, Eglise). Le film est solaire, brillamment et insolemment optimiste, croyant dur comme fer en sa jeunesse et en son avenir, scrutant avec un bonheur communicatif ces petits rapports entre les gens. Si la tragédie est très souvent là, apparaissant même audacieusement à son zénith après un faux happy-end trop mièvre pour être honnête, ce qui prédomine c'est le bonheur, la force de l'amour entre les gens, la profonde humanité nichée au fond de tous les personnages y compris les pires. Film heureux mais pas naïf, pourtant : Camara sait parfaitement montrer que tout n'est pas gagné, qu'il reste 18927453encore du chemin à la Guinée pour trouver la paix (les garçons et les filles très souvent séparés par des murs ou des vitres, la victoire finale aux points de l'atavisme et de l'extrêmisme, le poids de la famille). On est souvent malmené dans cette histoire parfaitement construite pour nous trimballer de sourires en claques dans la face en quelques secondes. Mais il y a derrière tout ça une sorte de révolte tranquille qui fait mouche. Pour parler politique, Camara choisit d'opposer la lumière de la jeunesse à l'ombre des aînés, le bonheur de la vérité à l'austérité de la domination, et c'est touchant. Si on excepte quelques longueurs, et une interprétation franchement inégale, Il va pleuvoir sur Conakry est un film qui vous redonne la pêche pour quelques jours.

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