Dream (Bi-Mong) (2008) de Ki-Duk Kim
Depuis le sublime Locataires, on se demande quand même un peu si l'ami Kim ne s'enferre pas dans de pauvrettes histoires d'amour qui tourne un peu en rond. Il s'agit pourtant au départ d'une belle et originale idée de scénario : les rêves d'un homme deviennent réalité via le personnage d'une femme somnambule. Alors que celui-ci ne parvient point à oublier sa compagne, cette dernière tente d'échapper à son ancien compagnon. Le blème? C'est que lorsqu'il rêve à sa compagne, la femme somnambule retourne automatiquement à son amant via un transfert métaphysico-amoureux - c'est d'ailleurs super perfide quand on y songe, bref. Et à part cela, ben pas grand chose en fait. Nos deux jeunes gens prennent conscience du côté retors du bazar et tentent désespérément de ne point s'endormir en même temps pour éviter ces dérives sentimentales nocturnes. L'affaire se complique quand on se rend compte que l'ex-compagne de l'un et l'ex-compagnon de l'autre ont une liaison... Cela donne lieu à une séquence totalement surréaliste (on pense un peu au Mad Detective de Johnny To dans un autre genre) où les quatre personnes se retrouvent au milieu de nulle part échangeant à tour de rôle leur personnalité - faut le voir pour comprendre... Si l'idée est là encore assez extravagante (2 hommes, 2 femmes - 3 couples qui se déchirent en quasi-simultané), Kim Ki-Duk a un peu de mal à rebondir sur cette situation "démentielle"... Notre homme et notre somnambule finissent par se menotter pour éviter tout nouvel "amalgame" entre rêve et réalité et un lien, un peu téléphoné, finit par se créer entre ses deux êtres bouffés par leur passé et incapables de contrôler leurs songes. C'est une trame ambitieuse au départ mais au final - après un petit passage dans le gore qui n'était pas vraiment obligé (notre homme est littéralement "torturé" par ses songes mais de là à se foutre des coups de marteau sur tout le corps pour s'empêcher de dormir... mouais) - c'est un peu cucul la praline, à l'image de ce symbole papillonnesque qui finit par faire le lien entre nos deux personnages principaux... Plutôt que d'attendre impatiemment chaque nouvelle mouture du gars, je ferais peut-être mieux de revoir Locataires un de ces quatre : une oeuvre finement poétique et parsemée d'ironie (en tout cas dans mon souvenir) qui tranche avec cette "trilogie" (Temps/Souffle/Rêve) terriblement empesée.