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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
23 février 2009

Gloria de John Cassavetes - 1980

gloria_05Foin des polémiques, voici un cinéaste sur lequel on est d'accord avec mon copain d'écriture. Voilà bien longtemps que je n'avais pas revu Gloria (et ma dernière vision était étrange, le cinéma de ma ville ayant interverti les bobines), et j'en ressors tout satisfait. Un scénario solide et surprenant, une mise en scène ample et très fine en même temps, et surtout une actrice extraordinaire, on est dans le très bon boulot. Il manque peut-être cette façon de filmer très brutale, très frontale, qui fait la marque des très grands Cassavetes, et le compère perd peut-être un poil de personnalité dans cette grosse production (pour lui) assez éloigné de son travail habituel. Doté de plus de moyens, et de machines plus sophistiquées (qui lui donnent l'occasion de réaliser quelques travellings avant vertigineux dans des couloirs de métro), Cassavetes abandonne cet aspect borderline que j'admire tant chez lui. Mais tant pis : Gloria reste très tenu, palpitant et émouvant à mort.

2qsuwsoLe gros capital du film, c'est Gena Rowlands. Osons le dire : c'est elle qui fait la qualité du truc. Elle est franchement au sommet de son art : toujours au bord du ridicule dans ses postures hommasses, toujours à deux doigts de verser dans le grand-guignol, surjouant à mort la virilité, elle semble s'amuser comme une folle à jouer les Clint Eastwood, brandissant des Magnums à la face des gangsters ("Just move, I would like it !") avec une jubilation évidente. Son personnage définitivement bigger than life est sur le fil, mais ses excès sont toujours génialement contrebalancés par une sensibilité qui jaillit dans chaque scène. Elle réussit l'exploit d'avoir un jeu hyper-intérieur en courrant dans tous les sens et en braquant douze mafieux. C'est par ailleurs la seule comédienne à ma connaissance qui joue aussi bien de dos (je ne plaisante absolument pas), et qui sait aussi bien utiliser la moindre parcelle de son corps pour rendre son personnage crédible (observez ses mains, et aussi ses jambes, si vous ne me croyez pas).

15eifesAvec une actrice d'un tel génie, pas besoin de grand-chose de plus pour rendre le film fascinant. Mais Cassavetes ne s'arrête pas là, et écrit un scénario très fin, sentimental et plein de suspense, sur les rapports entre une femme rude et un gamin recherché par la mafia. Course-poursuite à travers la ville, magnifiquement filmée, petits dialogues charmants dans des chambres d'hôtel, grands morceaux de bravoure quand la violence se déchaîne, le film est très varié et riche. Le contrepoint de l'enfant rend ce portrait féminin encore plus beau, et jamais on ne tombe dans la facilité du cliché entre femme et enfant : Gloria est embarassée par ce gosse, le traite à la rude, a une influence désastreuse sur son éducation, et on n'a jamais droit à ces scènes larmoyantes qu'on attendait sur un tel sujet. Mis à part sur le final un peu mièvre, Cassavetes conserve une pudeur et une décence qui lui font honneur.

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